Bruno Cheyrou : "Nous devons assumer ce statut !"

Joueur du LOSC entre 1998 et 2002, Bruno Cheyrou est aujourd’hui une des grandes voix de la chaîne beIN SPORTS. Depuis le début de l’Euro 2016, l’ancien footballeur forme un nouveau duo de commentateurs avec Christophe Josse. À la veille de France-Islande, il s’est confié à LOSC.fr pour nous livrer son regard toujours très précis sur l’Équipe de France.

160630cheyrou0_0.jpgDes crampons au micro ! Commentateur sportif depuis 2012 sur beIN SPORTS, l’ex-Dogue suit les matchs de l’Équipe de France de très près et nous livre ses impressions sur le début de l’Euro des Bleus.



Bruno, bonjour. Comment analyses-tu le parcours des Tricolores dans la compétition ?

En un mot : difficile. La France est le pays hôte, il y a donc beaucoup de pression. Tout le monde parle de cet Euro depuis tellement longtemps que c’est compliqué d’assumer la responsabilité de tout une nation et d’essayer d’être bon et performant. C’est un contexte pas évident pour eux mais ils ont réussi à faire l’essentiel, c’est-à-dire se qualifier petit à petit. Là, ils sont parvenus jusqu’en quarts de finale contre l’Islande. Ils sont dans le money time, ils vont monter en puissance. Surtout au vu de la deuxième mi-temps contre l’Irlande qui a été particulièrement aboutie. Espérons que cela leur donne beaucoup de confiance.



Lors des premiers matchs, les hommes de Didier Deschamps sont apparus assez timorés. Que leur faut-il pour mettre tout le monde d’accord ?

Les Bleus doivent se lâcher. Il est clair qu'avec la pression qu'ils ont sur les épaules, ils peuvent déjouer. Il suffit juste d’être naturel et enthousiaste sur le terrain. Avec le talent qu’a l’Équipe de France, elle est capable de réaliser des choses remarquables. Enlevons le frein à main et oublions la pression populaire pour se lâcher complètement.



Futur adversaire des Bleus, l’Islande apparait comme le petit poucet de cet Euro à ce stade de la compétition. Comment la France doit-elle aborder ce quart de finale ?

C’est toujours pareil. Quand on arrive comme ça face à des équipes soit disant inférieures, il faut toujours faire preuve d’humilité parce que le football n’est pas une science exacte. C’est d’ailleurs ce qui fait le charme de ce sport. Personnellement, j’étais persuadé que l’Angleterre allait se qualifier (en 1/8e de finale contre l’Islande). Il est donc question de trouver un savant mélange d’humilité pour respecter l’adversaire mais aussi d’ambition parce que nous sommes l’Équipe de France et que nous sommes favoris. Nous devons assumer ce statut !



Bon, et puis comme nous sommes un peu sur LOSC.fr, venons-en au LOSC ! On suppose que tu as suivi la dernière saison des Dogues ?160701cheyrou.jpg

Oui bien sûr, un petit peu. Et c’est assez incroyable qu’avec quasiment le même effectif, les six premiers mois aient été si laborieux alors que les six derniers ont été remarquables. C’est ce qui fait le charme du football. Le discours de Frédéric Antonetti a tout de suite été bien perçu et mobilisateur. C’est ce qui a permis au LOSC d'accomplir une deuxième partie de saison de qualité. Le football tient parfois à peu de choses et l’entraîneur lillois a réussi à inverser la tendance. La saison du LOSC s’est jouée sur une question de discours certainement, de cohérence et de choix. Pas grand-chose en soi, mais cela peut rendre une saison complètement différente en peu de temps.



Tu es donc plutôt optimiste pour la saison lilloise à venir ?

L’espoir pour les supporters du LOSC est que l’équipe reste sur la même dynamique que lors des six derniers mois. Je pense que Frédéric Antonetti connaît encore mieux le club et son groupe désormais. Ce sera la saison de la confirmation pour tout le monde et ce ne sera pas aussi évident que ça. Mais le LOSC possède quand même la qualité d’effectif et de club de manière générale pour se maintenir dans le premier tiers du classement sans trop de soucis. L’Europa League apportera un peu de piment à cette saison. Les clubs construisent leur histoire avec des épopées européennes et si le LOSC parvenait à réaliser un bon parcours européen, cela augmenterait d’autant plus la popularité du club.



Après une carrière de footballeur, tu es aujourd’hui consultant sur la chaîne beIN SPORTS. Décris-nous un peu ton rôle au sein de la chaîne.

J’essaie de rester moi-même, le plus naturel possible. Le tout en commentant et en apportant une touche technico-tactique liée à mon passé d’ancien joueur. C’est en tout cas ce que je fais depuis quatre ans. Je ne veux pas tomber dans la critique négative. C’est tellement facile que je ne veux pas me réfugier dans ce registre-là. Évidemment après, quand un joueur loupe une passe, je ne peux pas dire qu’il l’a réussie, mais j’essaie en tout cas de rester le plus objectif possible en évitant de "tailler" pour le plaisir de "tailler".

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On peut supposer aussi que ta carrière de footballeur t’aide au quotidien dans ton métier de consultant …

Le fait d’avoir été acteur principal et d’avoir connu le terrain me permet d’avoir un ressenti plus précis de ce que font les joueurs, de ce qu’ils pensent, de ce qu’ils ont envie de faire. Ça aide énormément. Quand je vois un joueur qui peut centrer, faire une passe ou marquer, j’ai été dans cette situation-là donc je vois parfaitement ce qu’il peut ressentir, ce qu’il peut faire ou ne pas faire. Cela me donne un peu plus d’arguments pour commenter les matchs.



Enfin un dernier mot, tu travailles à Paris mais tu reviens de temps en temps dans le Nord quand même ?

Oui je reviens de temps à autre (sourire). J’ai commenté le match de l’Équipe de France à Lille, je suis aussi allé à Lens pour commenter République Tchèque-Turquie. Ça me fait toujours plaisir de retrouver cette ville dans laquelle je garde d’excellents souvenirs. J’ai d’ailleurs conservé quelques bons copains comme Grégory Wimbée et Dagui Bakari notamment.



Un grand merci à Bruno Cheyrou de nous avoir accordé cet entretien.