Charly Samoy : "Je ne peux pas effacer ces 25 ans de ma vie !"

Personnage marquant du LOSC d’hier, Charly Samoy était de passage au Domaine de Luchin. L’occasion pour l’ancien gardien de but, entraîneur, puis directeur sportif lillois (entre 1963 et 1988) de découvrir le centre de vie des Dogues.



 

Charly, bonjour et bienvenue au Domaine de Luchin. Que nous vaut le plaisir de vous recevoir dans le QG du LOSC ?

Je suis tout simplement venu à Lille pour la Toussaint. Et je ne pouvais pas repartir chez moi sans effectuer un crochet par ce magnifique complexe. Bien sûr, je l’avais déjà découvert à la télé et sur internet, mais j’avais à cœur de le voir en vrai. Après une visite guidée des lieux, je peux dire qu’ils sont extraordinaires. Je confiais tout à l’heure à René (Girard) que ne j’avais jamais vu ça en France. Le Domaine de Luchin est un outil de travail remarquable.

Joueur, entraîneur des jeunes, puis des pros, directeur sportif, administratif... vous avez tout connu au LOSC. Peut-on parler d’amour du maillot ?

On peut, oui, car j’ai toujours été identifié à ce club. Lorsque j’ai terminé ma carrière de recruteur à Saint-Étienne, quand je me rendais quelque part pour superviser un joueur, je me présentais comme "Charly Samoy de l’ASSE". Et on me répondait : "Non, vous êtes du LOSC, vous".

Qu’est-ce que le LOSC vous a apporté dans votre vie d’homme ?

Je ne vais pas dire tout, mais presque. J’y ai connu tellement de choses, rencontré tant de gens fantastiques, à commencer par Jules Bigot, Georges Heylens, Arnaud Dos Santos ou José Arribas avec qui j’ai eu la joie de travailler pendant cinq ans. Le LOSC a constitué des voyages, des rencontres, bref, une vie passionnante. Je n’avais jamais l’impression de travailler. En tout et pour tout, je devais prendre quatre jours de vacances par an. Mais c’était suffisant, je n’en avais pas besoin.

Si vous ne deviez garder qu’une seule image ?

L’inévitable barrage contre Bastia (1-0) en 1966. On jouait notre survie en première division sur cette rencontre à Henri Jooris dans une ambiance incroyable. On l’a emporté grâce à un but en toute fin de match. C’est sans doute ma plus grosse émotion au LOSC… à égalité avec le fameux Lille-Bordeaux (5-1) de 1985 dont tout le monde parle souvent. Ce sont des matchs que je n’oublierai jamais.

Suivez-vous toujours l’actualité du LOSC ?

Oui, mais à distance. J’habite à 650 kilomètres de la métropole, aux Sables-d’Olonne. Je garde le contact car je ne peux pas effacer 25 ans de ma vie comme ça. Les Lillois ont réalisé un superbe début de saison. Je suis très content pour René Girard, un garçon que je connais depuis longtemps, un grand professionnel et un vrai gagneur. Ce LOSC-là peut faire très mal à l’avenir.

En tant qu’ancien portier losciste, quel regard portez-vous sur Vincent Enyeama ?

C’est un peu une tradition ici de voir de grands gardiens briller dans la cage lilloise. Et je pense sincèrement que Vincent Enyeama est meilleur que nous l’étions à l’époque (sourire). Je n’oublie pas de louer le travail de Jean-Pierre Mottet (l’entraîneur de gardiens) à ses côtés. "Momotte", je l’ai recruté il y a des années. C’est un technicien extrêmement sérieux qui a beaucoup travaillé pour mettre au point ses méthodes.

En quoi le LOSC actuel est-il différent de celui que vous avez connu ?

Comparer ce que j’ai vécu avec ce qui se passe aujourd’hui est impossible. Cela revient au sempiternel débat de savoir qui d’Eddy Merckx ou de Jacques Anquetil était le plus fort. C’était une autre époque, nos conditions d’entraînement s’apparentaient plus à un Western avec pour seul objectif de survivre en première division (rires). Il est clair que j’aurais aimé exercer mon métier dans des installations comme celles-ci, mais aussi au Stade Pierre Mauroy. Je ne l’ai pas encore vu mais j’ai hâte. La prochaine fois peut-être…

Merci Charly Samoy