D1F : Elisa Launay VS Héloïse Mansuy, regards croisés
PAR FRÉDÉRIC COUDRAIS
Ces deux-là affichent déjà une belle complicité, que ce soit sur le terrain ou en dehors. Normal, Héloïse Mansuy et Elisa Launay se connaissent depuis leur passage commun au pôle de Clairefontaine. Alors qu’elles sont arrivées cet été au LOSC, respectivement en provenance du FC Metz et des Girondins de Bordeaux, les deux néo-lilloises se sont confiées au moment de démarrer cette nouvelle aventure losciste. Entretien croisé.
Le LOSC pour un nouveau challenge
Héloïse Mansuy : « La montée en D1 a été un facteur important, tout comme le projet du club qui veut s’y maintenir afin de pouvoir s’installer dans l’élite du foot féminin. J’ai découvert la D1 avec Metz, j’avais forcément envie d’y rester. Ces éléments ont joué dans ma décision de rejoindre le LOSC cet été. »
Elisa Launay : « Moi aussi le projet m’a plus, j’ai eu le coach au téléphone. Il m’a présenté tout l’investissement mis en place pour la D1 féminine. J’ai été attiré. Et on m’a donné de nouveaux objectifs individuels à atteindre, j’ai trouvé ça plutôt intéressant. J’avais envie d’enchaîner après une première saison complète parmi l’élite. »
En terrain connu pour une intégration réussie
Héloïse : « Avec Elisa, on se connaissait car nous étions au pôle à Clairefontaine ensemble. Sinon, je peux simplement citer Ouleye (Saar), en dehors de ça, cela a été une totale découverte de ce groupe me concernant. Les filles nous ont bien accueillies, j’adore les installations, la ville de Lille. J’aime trop, c’est beaucoup plus grand que Metz qui est aussi une très belle ville. Mais là, ça me change. »
Elisa : « On a d’ailleurs fait une petite visite guidée avec les anciennes, j’ai bien aimé, c’était vraiment sympa. Ça change de Bordeaux, ce n’est pas la même architecture. »
Bosser dur pour bien débuter
Héloïse : « Les périodes de prépa’, ce ne sont pas les meilleurs moments de la saison, mais il faut passer par là pour bien débuter le championnat et qu’on tienne physiquement sur la durée. Mais c’est important pour réussir un bon parcours. »
Launay : « Oui, je confirme, on souffre physiquement, c’est logique (les deux se marrent). Moi, j’ai aussi une prépa’ spécifique gardienne. Je fais le physique avec les joueuses et à côté de ça, j’ai des spécifiques. Flo (Azem) ? On s’était déjà croisées en présélection U19, mais on se connaissait pas plus que ça. »
Plus qu’un poste, une vocation ?
Elisa : « C’est plutôt une tradition familiale : mon père, mon frère et d’autres membres de ma famille étaient gardiens. J’ai toujours moi aussi voulu occuper ce poste. Ma mère n’était pas pour, j’ai fini par gagner (elle rit). Mais jusqu’ à mes 14 ans et demi, j’ai joué dans le champ. J’ai même terminé comme latérale droite, après avoir évolué à tous les postes. J’ai même commencé par attaquante, je mettais des buts à ce moment-là. Maintenant, je les arrête (sourire). J’ai toujours aimé la sensation de pouvoir arrêter des frappes, de plonger. »
Héloïse : « Moi, en tant que latéral, il faut beaucoup courir, enchaîner les allers-retours. Techniquement ça va, par contre, il faut que je prenne encore un peu de muscle (elle sourit) pour être encore plus performante dans les duels. »
Pour (re)voir la vie en bleue
Elisa : « Ma sélection en équipe de France B ? J’ai profité d’une blessure en A et du coup, j’ai remplacé celle qui était initialement en B. J’avais ainsi croisé Marine Dafeur. Forcément, quand on a la chance de vivre ce genre de moment, on a envie d’y retourner. Et sur du plus long terme, j’aspire à acquérir le niveau pour aller en A. Je vais déjà me concentrer sur mes performances avec le LOSC, pour la suite, on verra. »
Héloïse : « J’ai eu la chance d’être championne d’Europe avec les U19 et vice-championne du monde U20 en 2016. Ce sont des expériences extraordinaires, j’en garde des souvenirs magnifiques. Un truc que tu peux vivre qu’une fois ou deux dans ta vie de joueuse. Humainement et sur le terrain, c’était vraiment énorme. J’ai beaucoup appris. J’aspire donc, comme Elisa, à aller en équipe de France B. C’est un objectif pour moi. Et ça serait bien qu’on y aille ensemble Elisa, non ? »
Déjà une (petite) expérience de la D1
Héloïse : « La D1 ? Je voudrais dire que ce n’est pas normal que Bordeaux se soit maintenu grâce à son nul contre le PSG (les deux éclatent de rire). Car du coup, c’est Metz qui est descendu… Plus sérieusement, moi j’ai connu la D1 et la D2 avec Metz. Je trouve qu’il y a un gros fossé entre les deux divisions. Ça va beaucoup plus vite, c’est puis puissant. On rencontre des équipes avec des joueuses de très haut niveau. J’ai ainsi pu gagner en expérience et en maturité. Jouer à ce niveau permet de progresser plus vite. »
Elisa : « L’an dernier, j’ai disputé ma première saison parmi l’élite. C’est vrai que c’est une belle aventure. Il y a plus de puissance, d’intensité, de technique et de tactique. C’est le jour et la nuit avec ce que je connaissais, car jusque-là, je n’avais évolué qu’en U19. Le changement était donc total, ça m’a permis de progresser et de prendre un peu d’expérience. »
Héloïse : « Du coup, on a chacune déjà vécu une ou deux années de D1. On va donc essayer d’apporter un peu d’expérience, même si on est très jeune. Ensuite d’un point de vue perso’, avec mes qualités, j’espère apporter tout ce que je peux sur le terrain à cette équipe du LOSC. »
Elisa : « Oui, moi aussi, je veux me servir de ma "petite" expérience de l’élite et la mettre au service de mon équipe. Chaque joueuse a ses qualités et l’ensemble va apporter quelque chose au collectif. »
Prendre le bon chemin
Elisa : « J’ai commencé le foot à l’âge de 8 ans et le premier grand bond en avant, je l’ai fait en rejoignant Montpellier en U19. J’ai alors découvert un tout autre niveau, avec des entraînements complètement différents. J’avais ensuite eu la chance de jouer un match de Coupe de France avec l’équipe première contre Muret (7-0, le 24/01/15), j’avais 16 ans. Mais bon, je n’avais pas touché un ballon, hormis du pied (elle se marre). »
Héloïse : « Moi j’ai débuté réellement mon parcours à Nancy en DH, puis en D2. Ensuite, quand Metz a lancé sa section féminine, j’ai tenté l’expérience durant trois saisons. D’ailleurs, on m’a rappelé que j’avais joué contre le LOSC lors du premier match de l’histoire de la section féminine losciste… (4-0, le 06/09/15) Ce jour-là, je n’imaginais pas que deux ans plus tard, je porterais les couleurs du LOSC. »
La première étape ? Bordeaux en ligne de mire…
Elisa : « Ce sera forcément particulier à titre personnel de démarrer contre mon ancien club. J’aurai encore davantage de motivation, elle sera même quadruplée. On aura toutes à cœur de bien commencer. Au regard de la qualité de nos entraînements, je pense qu’on sera prêtes mentalement et physiquement pour ce premier match. »
Héloïse: « J’ai une amie, Juliane Gathrat, avec qui j’ai commencé le foot et avec qui j’ai joué la saison dernière à Metz qui est partie à Bordeaux. On a fait la Coupe du Monde U20 ensemble. Comme par hasard, on va se retrouver d’entrée. Il va falloir l’aborder avec beaucoup de sérieux. C’est bateau de dire ça, mais il faut prendre match après match, sans se projeter plus loin. Et c’est mieux de démarrer contre une équipe de notre "catégorie". À nous de bien le négocier. »
Le mot de la fin…
Héloïse : « Le début de saison va être hyper important. Et là, j’ai hâte qu’on commence ce championnat car je trouve qu’on a vraiment un bon groupe. Le potentiel est intéressant. On travaille bien, il y a de l’intensité aux entraînements, j’espère qu’on va bien débuter. »
Elisa : « Le premier objectif est le maintien, mais j’espère qu’on va surprendre un peu pour la première année du club parmi l’élite du foot féminin. Et qu’on pourra jouer le milieu de tableau, pour ne pas tout le temps être sous la pression de la descente comme j’ai pu le vivre la saison passée avec Bordeaux. Toutes les émotions par lesquelles on passe sont très compliquées à vivre. »
La bio d’Elisa Launay (gardienne)
Elisa débute le foot à l’âge de 8 ans à l’Avant Garde Jeanne d'Arc Cauderan (2005-2012). Son parcours la mène ensuite à l’Entente Blanquefortaise (2012-2014), puis à l’INSEP, au Pôle Espoir. En 2014, celle qui a évolué dans le champ jusqu’à ses 14 ans et demi (elle a joué attaquante, milieu et défenseuse, avant d’opter comme son père et son frère pour le poste de gardienne) s’engage avec Montpellier HSC. Troisième dans la hiérarchie chez les Héraultaises (elle s’entraîne avec la D1 et joue en U19), elle participe à un match de Coupe de France, en seizième de finale, contre Muret (D2) pour un succès 7-0, le 24/01/15. En 2016-2017, elle découvre la D1 avec les Girondins de Bordeaux (20 matchs). Appelée en Équipe de France B, Elisa a connu sa 1ère sélection face à la Bosnie-Herzégovine en amical le 06/04/17. C’est désormais au LOSC qu’elle s’apprête à poursuivre sa progression.
L’avis du coach, Jérémie Descamps
« C’est une jeune gardienne qui vient de débuter en D1 avec Bordeaux. Elle a été l’une des surprises du dernier championnat. On ne s’attendait pas à la voir si vite acquérir des galons parmi l’élite. Elle compte également une sélection avec l’équipe de France B. Elle va nous apporter un peu plus de taille, avec des qualités sur le jeu aérien. Elle possède également un jeu au pied très intéressant, est très dynamique sur ses appuis. »
La bio d’Héloïse Mansuy (défenseuse)
Héloïse commence le foot à la Renaissance Sportive de Magny (2004-2012), avant de rejoindre l’AS Nancy Lorraine en 2012, club avec lequel elle accède à la D2 la saison suivante. Elle participe ainsi à 16 rencontres de championnat avec l’ASNL en 2013-2014, avant de choisir de s’engager avec le FC Metz. Elle découvre alors la D1 à Albi (défaite 2-0, le 30/08/14). Au total, elle jouera 32 matchs de D1 (2014-2015 et 2016-2017) en l’espace de trois ans. Et entre temps, elle participe à une saison de D2 avec les Messines en 2015-2016 où elle croise le chemin du LOSC pour le premier match de l’histoire du club losciste (4-0, le 06/09/15). En sélection, elle compte 20 capes avec les U19 et accroche à son palmarès un titre de championne d’Europe en 2016. En U20 (3 sélections), elle est vice-championne du monde (2016).
L’avis du coach, Jérémie Descamps
« C’est une jeune internationale qui a connu la D1 avec Metz. Elle très intéressante par rapport à son profil, car elle a un vécu très riche pour nous. On va pouvoir en discuter. Elle est capable de jouer latérale, numéro 6 ou au milieu dans un couloir dans une position plus offensive si on évolue à trois derrière par exemple. C’est donc une joueuse polyvalente, très talentueuse, avec des qualités défensives, mais aussi offensives sur les contres. Elle est ainsi assez complète. » »