Fodé Ballo-Touré : "meilleur grâce à l'équipe"
PAR MEGDAN AREIAS
C'est l'histoire d'une progression fulgurante. À seulement 21 ans, Fodé Ballo-Touré a gravi les échelons à pas de géant pour s'imposer dans une équipe lilloise version 18-19 à qui tout réussit. Le résultat d'un collectif oui, mais ses performances y sont pour beaucoup...
Salut Fodé. Avant de parler de ta vie d’homme, parle-nous de ton enfance.
J’ai vécu une enfance plutôt heureuse en région parisienne. Je suis né à Conflans-Sainte-Honorine (78) mais c'est à Eragny-sur-Oise (95) que j'ai grandi. Évidemment, comme beaucoup de gamins à cet âge, j'ai fait des petites bêtises. Il faut dire que j'avais un caractère assez dur. Puis le football m'a apaisé, tout comme le karaté.
Finalement, tu as préféré les terrains verts aux tatamis…
C'est dans le football que je me suis tout de suite épanoui. Notamment dans le club d'Eragny où j'ai débuté à six ans. Mon grand frère jouait au football, je le suivais quand il allait à l’entraînement. Cela m'a inspiré, je voulais faire comme lui et évidemment, j'ai tout de suite accroché. Mon père m'a également motivé car il m'achetait des ballons, des maillots, des chaussures... Quand il venait voir mes matchs, je me donnais à fond pour lui faire plaisir. Très rapidement, je n’avais qu’une chose en tête : je voulais être footballeur professionnel. C’était ça ou rien.
On peut dire que ça t’a réussi !
C’est vrai (il sourit). Très vite, j’ai été détecté par le Paris Saint-Germain dont j’ai intégré le centre de formation à l’âge de 13 ans. Il n'y avait que de très bons joueurs et au début, ç’a été compliqué. J'ai dû m'imposer en commençant au bas de l'échelle. Très vite, on a décelé mon niveau et on m'a fait passer à l'échelon supérieur, en première équipe dans ma catégorie d'âge.
Vivre loin de sa famille à cet âge, c’est dur à gérer ?
Assez oui. En préformation, nous vivions tous ensemble entre joueurs, loin de nos familles que l'on ne voyait que le week-end. Cette situation a forgé mon caractère, ça m'a rendu plus fort.
Il faut aussi noter qu’à ce moment-là, tu n’es pas un défenseur mais un ailier gauche…
Tout à fait. On m'a repositionné latéral gauche vers 17 ou 18 ans. C'est François Rodrigues, mon coach au PSG, qui me l’a vivement conseillé. "Quand t'es lancé à pleine vitesse, les défenseurs adverses ont plus de mal à t'arrêter" m’expliquait-il. Au début, je n'étais pas d'accord. J'avais tendance à bouder (il sourit). Finalement, d'autres coachs du club sont venus me voir et m'ont convaincu de jouer à ce poste. Aujourd'hui, on peut dire qu'ils ont eu raison.
Puis à force de travail et de persévérance, tu gravis les échelons jusqu’à disputer une finale de Youth League (Ligue des Champions des moins de 19 ans). C’est quand même quelque chose de grand !
Pour l’instant cette finale est le meilleur souvenir de ma carrière. C'est une belle compétition que beaucoup de jeunes rêvent de gagner. On avait fait tout notre possible pour la remporter mais Chelsea était plus fort que nous (défaite 2-1). C'est une génération où j'ai notamment évolué aux côtés de Jonathan Ikoné et Boubakary Soumaré que j'ai retrouvé ici. J'en reparle d'ailleurs souvent avec eux !
Voilà un an et demi que tu as rejoint le LOSC. À l’image de l’équipe, la saison passée n’a pas été évidente pour toi. Comment l’expliques-tu ?
Au LOSC, j'ai plongé dans le grand bain en découvrant la Ligue 1. J'ai très vite pu me rendre compte que ce n'était pas pareil que la CFA ! (il sourit). Il fallait que je prenne mon temps pour apprendre mais c'était trop tard, j'étais déjà lancé. Ç’a été compliqué pour moi. Mais au final, j’ai beaucoup appris.
Cette saison, on découvre un Fodé Ballo-Touré, plus solide, plus confiant, plus explosif…
Si aujourd'hui je suis meilleur, c'est avant tout grâce à l'équipe. Nous avons tous changé, avec un coach qui m'aide beaucoup et qui a confiance en moi. Je bénéficie aussi de mon vécu de la saison dernière, ça m'a renforcé mentalement. Je veux prouver que le club a eu raison de me recruter et de me faire confiance. Pour l’instant je savoure cette période mais ce n'est que le début, je dois continuer à travailler pour rester régulier dans mes performances.
Et tout ça n’est pas passé inaperçu du côté de Sylvain Ripoll… (l’actuel sélectionneur de l’Équipe de France Espoirs)
J’ai été très heureux de rejoindre les Bleuets. C'est un rêve de gosse, une expérience en plus. Tant que je serai bon sur le terrain avec le LOSC, le reste suivra…
Tu sembles heureux et épanoui. Que peut-on donc te souhaiter de plus aujourd’hui ?
Que je continue mes bonnes prestations et qu'on gagne le plus possible, tout simplement ! (grand sourire)