Frédéric Antonetti : "Le LOSC joue le maintien"
PAR FRÉDÉRIC COUDRAIS ET MAXIME POUSSET, AU STADE PIERRE MAUROY
Forcément déçus par le scénario de la partie, les acteurs de ce match ont réagi à chaud pour analyser ce revers, en dressant un constat lucide de la situation actuelle du LOSC en championnat.
Fréderic Antonetti (entraîneur du LOSC)
« Si je suis en colère ? Non, je suis surtout déçu. On a produit de bonnes choses durant 75 minutes, avec beaucoup de situations intéressantes. On n’a pas su les valider en marquant le second but. Pour moi, on doit mener 2 ou 3-0. Je ne me rappelle d’ailleurs pas d’un arrêt de Vincent (Enyeama) avant l’égalisation. Derrière ce but, on s’est liquéfié. Les gens ne vont retenir que le résultat, ce qui est normal. Oui, ce revers intervient après celui de Trélissac. Mais ce soir, il y a une analyse objective à faire, nous ne sommes pas parvenus à inscrire le deuxième but. Le foot est parfois cruel, mais il est juste dans le temps.
Je le répète depuis un moment, tant qu’on n’a pas 9 points d’avance sur le premier relégable, on ne peut pas regarder devant nous au classement. C’est la réalité. Si je suis venu au LOSC, c’est qu’il y a des problèmes. Ils sont là. Alors parfois, on les règle ponctuellement, parfois ça revient. Le LOSC joue le maintien, cela a le mérite d’éclaircir la situation. Ce soir, on respecte le jeu jusqu’à la 75e minute, ensuite, on s’effrite. Après l’égalisation, on n’a pas su repartir. Oui, on a manqué de réussite et d’efficacité. Tallo sort d’ailleurs sous les sifflets, je les trouve sévère car certes, il ne marque pas, mais il se bat. Je préfère avoir le public avec nous, même si je comprends sa déception quand on perd 1-3 à la maison.
Le LOSC a perdu l’habitude de se retrouver dans une situation précaire, c’est le cas aujourd’hui. Et les supporters ne comprennent pas car depuis une dizaine d’années, ce n’est pas le cas. Même si le club a un grand stade, des installations magnifiques, il faut admettre la situation. Il faut rebâtir une équipe, mais cela prend du temps. Je suis venu ici pour le maintien, je le sais depuis le début. Bien sûr, on a eu une bonne série en décembre, mais c’est un long marathon. On n’a pas de marge. Aujourd’hui, on avait l’occasion de se donner de l’air, on l’a ratée. Ça clarifie les choses. Et dans le jeu, on a beaucoup de progrès à faire, je le sais. Boufal ? Il est sorti sur fatigue, mais il n’est pas blessé. »
Claude Robin (entraîneur de l’ESTAC)
« Sincèrement, ça commençait à être long, même si je suis novice à mon poste… On est forcément très satisfait de cette victoire, à n’en pas douter. Ce succès est un véritable soulagement, j’espère qu’il en amènera d’autre par la suite. C’est ce que j’ai ressenti sur les visages des joueurs dans le vestiaire, de façon très simple et avec beaucoup d’humilité. Vous savez, c’est difficile chaque matin quand on retrouve le groupe à l’entraînement de trouver les bons mots… J’imagine mon prédécesseur qui est resté plusieurs mois dans cette situation. C’est ce à quoi je pense ce soir. Gagner pour la première fois au bout de la 22e journée, c’est long…
Lors de la pause, j’ai dit aux joueurs qu’on devait rester à 1-0 le plus longtemps possible et d’y croire, en allant au bout de nos actions et en se montrant plus percutant. Car on n’avait pas trop été mis en danger par cette équipe lilloise, hormis sur les coups de pied arrêtés. Au fil du match, on a su mieux gérer et sur notre première action de la seconde période, on marque et derrière, tout s’enchaîne. Et quand on menait, pour la première fois, j’ai vu les qualités de mes joueurs ressortir. Avec de la confiance, on peut faire beaucoup de choses. On a un peu de réussite, mais je suis très content de ce qu’ont fait mes joueurs. »
Djibril Sidibé (Défenseur du LOSC)
« Je suis très déçu. Finalement, le seul point positif de la soirée reste qu’on sait maintenant où on en est. Nous sommes fixés : à moins qu’un miracle se produise, on regardera maintenant davantage vers le bas que vers le haut. On se le dit, on se le répète, mais chacun doit se remettre en question, car notre niveau de jeu est insuffisant. Et félicitations à cette équipe de Troyes. »
« Ce soir, en tant que professionnels, on n’avait pas le droit de lâcher comme ça, en cinq minutes, contre une équipe en plein doute qui n’a pas gagné un match. La suite ? Le boulot, le boulot et encore le boulot. Nous devons renouer avec la victoire le plus vite possible. La demi-finale contre Bordeaux ? On n’y pense pas du tout. Tâchons déjà digérer cette défaite. »
Rio Mavuba (Capitaine du LOSC)
« Tout s’est joué sur une action anodine, un long ballon, une remise et une frappe. On a alors perdu le fil, ce qui n’aurait pas dû arriver. Car il restait 10 minutes, c’est-à-dire assez pour marquer et gagner. Malgré ça, on a vécu cinq minutes de relâchement durant lesquelles on a encaissé ce deuxième but. C’est difficilement explicable, d’autant qu’on n’avait pas été mis en danger jusqu’alors. On aurait pu doubler la mise avant, mais on ne le fait pas et on a laissé Troyes dans le match. Il y a beaucoup de déception. »
« Même lorsqu’on gagnait, en décembre, on savait que cet équilibre restait fragile, on marchait sur un fil. On doit montrer autre chose. Nous attendons une réaction du groupe, car c’est collectivement qu’on a failli. On comprend la frustration des supporters, qui ne vivent pas une saison facile. Nous enchaînons avec une troisième contre-performance de suite. C’est normal qu’ils réagissent de cette façon, surtout après l’élimination en Coupe de France. Mardi sera l’occasion de relever la tête, bien que la priorité reste le championnat. Nous devrons réaliser un tout autre match dans l’état d’esprit. Car ce soir, pendant une heure, il y a eu de la qualité dans le jeu. Mais on doit se montrer plus tueurs, ne pas lâcher comme on a lâché. »