Hommage à Pierre Pleimelding

Les fidèles de Grimonprez-Jooris se souviennent de sa longue crinière d’or, de ses yeux rieurs et de son sens du but. Pendant quatre saisons (de 1977 à 1981), Pierre Pleimelding a martyrisé des défenses entières sous le maillot lillois. Véritable idole de toute une génération, il s’est éteint hier, à l’âge de 60 ans. En hommage à l’immense joueur qu’il était, retrouvez l’interview qu’il avait accordée à Go LOSC ! en mars 2011 ainsi que qu’une vidéo de ses plus beaux buts, agrémentée du témoignage de Patrick Robert.





Le foot ? Une passion plus qu’un métier

« J’ai signé ma première licence à Colmar. Issu d’une famille de footballeurs (son papa, René, a été international français), j’ai suivi mon père au détour de ses expériences d’entraîneur. Nancy, puis Troyes en deuxième division, avant de revenir à Colmar en amateur. Il faut dire que le ballon rond n’était pas vraiment ma priorité. J’ai été instituteur pendant un an avant de partir pour le service militaire, puis de travailler dans une banque. Le foot, je continuais tout de même à le pratiquer, avec l’équipe d’Alsace, notamment. C’est d’ailleurs par le biais de notre finale de coupe nationale que je me suis fait repérer par l’AS Monaco. Contre toute attente, j’y ai paraphé mon premier contrat pro à l’âge de 22 ans. »

1977, le tournant lillois

« C’est peu de le dire. Après trois saisons mi-figue mi-raisin sur le Rocher, j’ai signé au LOSC en D2. Ce fut le déclic. Professionnellement et humainement, tout était extraordinaire, une sorte de paradis du football. Il y avait une vraie osmose entre les joueurs, le staff technique et l’encadrement administratif. Nous avions tous la volonté de vivre quelque chose d’inoubliable ensemble. Ce sentiment ne s’est produit qu’une seule fois dans ma carrière. C’était tellement parfais que je me suis blessé dès mon premier entraînement (il éclate de rire). Si j’ai atteint ce niveau, c’est aussi grâce à mon entraîneur, José Arribas et à son adjoint, Charly Samoy. »

L’apothéose d’un retour parmi l’élite

« Il y avait beaucoup de qualité dans ce groupe. Je pense à Olarevic, Simon, Grumelon, Dos Santos et j’en oublie. Pour moi, il était relativement facile de marquer avec de tels éléments autour. Chacun se sacrifiait pour son partenaire. C’est ’ailleurs ce qui nous a permis de remporter le titre de champion de deuxième division. (il pèse ses mots) C’est tout simplement le summum de ma carrière ! Cela peut paraître paradoxal pour un joueur qui, comme moi, a connu l’Équipe de France, l’étranger (le Servette Genève en 1981-1982) et la direction d’une sélection nationale (il a été sélectionneur de la Côte d’Ivoire entre 1994 et 1996), mais cette montée en première division reste mon meilleur souvenir. »

21 buts en 1978-1979, une perf’ de haut vol

« Mais je n’ai pas été sacré meilleur buteur du championnat. À l’époque, j’avais la malchance de devoir faire face à une concurrence nommée Bianchi et Onnis, deux joueurs de classe internationale. Cela ne m’a toutefois pas empêché d’être sacré meilleur buteur français du championnat. C’est d’ailleurs ce qui m’a valu d’être appelé en équipe de France. »

Le coq sur le cœur face aux Espagnols

« C’était en novembre 1978, face à l’Espagne (victoire 1-0) pour ma seule et unique cape chez les Bleus. Ce fut un grand souvenir même si pour moi, les plus belles émotions sont d’abord collectives. Durant mon séjour en équipe de France, la fierté était plus personnelle. Symboliquement, cette unique sélection est aussi un clin d’œil à mon père, lui aussi international à une seule reprise. Il y avait sans doute une explication génétique à tout cela (rires). »

Une rencontre inoubliable contre une équipe de légende

« Mon match le plus marquant ? La question ne se pose même pas, c’est le fameux LOSC-Saint-Etienne (3-0) de 1979. Il restera le plus beau de tous. (il marque un silence) Et de loin ! La force de cette victoire face aux Verts, c’est qu’elle n’était pas méritée. Nous l’avions emporté avec les tripes, en faisant corps avec notre public de Grimonprez-Jooris. J’avais Oswaldo Piazza au marquage, une montagne insurmontable. Mais j’ai marqué deux fois ! »

Tout pour l’attaque !

«  Le LOSC reste mon club de cœur. J’avais raison de rabâcher à tout le monde qu’il jouerait un rôle grandissant dans le football français. Dans cette équipe, il existe une vraie philosophie de jeu portée sur la volonté de marquer. Mon côté "ancien combattant" fait que j’approuve totalement cette façon de procéder. L’approche peut paraître désuète pour certains tacticiens actuels, mais je n’envisage le football que de cette façon : tout pour l’attaque ! »

Touchée par la disparition de l’un des siens, la grande famille du LOSC présente ses plus sincères condoléances à la famille, ainsi qu’aux proches de Pierre Pleimelding. Il est et restera, une légende du club lillois.