Ménès a franchi les limites de l’acceptable
Pierre Ménès, qui s’illustre tous les dimanches sur le plateau du Canal Football Club, a désigné cette saison parmi ses cibles favorites et récurrentes le LOSC, et plus particulièrement son entraîneur René Girard. Toute la saison durant, il a critiqué le football déployé par le LOSC et son entraîneur, avec beaucoup d’enthousiasme et de sarcasme, mais souvent – par omission ou par ignorance ? – sans délivrer les arguments et l’analyse objective que les téléspectateurs et lecteurs sont en droit d’attendre d’un « spécialiste du football ».
Si sur le fond le LOSC aurait évidemment apprécié que soient aussi soulignés par exemple l’écart de ses moyens avec ceux des principaux concurrents ou l’entame d’un nouveau cycle sportif en début de saison, le LOSC a toujours accepté ces critiques sportives, même celles qui parfois apparaissaient infondées ou exagérées. Sur la forme, le club les a reçues avec recul, distance, voire avec une certaine indifférence ; le LOSC étant aguerri aux joutes médiatiques autant qu’il est sûr de ses forces – dont ses résultats sportifs sont la meilleure illustration - et de la solidité de son institution.
Dimanche, Pierre Ménès a choisi d’aller un peu plus loin dans son obsessionnelle stratégie de dénigrement. S’en prendre au jeu Lillois ou aux choix tactiques de son entraîneur ne lui suffit plus. Dimanche, il a décidé, comme pour mieux se garantir une nouvelle polémique et une opposition certaine, d’attaquer très directement et personnellement René Girard, l’homme.
Il déclarait ainsi, après avoir ironisé sur la qualité d’éducateur de René Girard et sous-entendu que celui-ci aurait souhaité que Yohan Cabaye – qui a passé 13 ans au LOSC – se blesse gravement et rate la Coupe du Monde : « C’est pas la première fois cette saison qu’on voit des gestes plus que limites avec les joueurs de Lille. J’ai du mal à croire que la personnalité de son entraîneur y soit totalement étrangère ». Sur son blog, il double la mise : « Ce n’est pas la première fois cette saison qu’un joueur Lillois sort un tacle inadmissible. J’ai du mal à croire que c’est une coïncidence ».
D’abord, Pierre Ménès insinue de manière non dissimulée, sur la base d’un fait de jeu, que le LOSC est une équipe agressive, voire violente. C’est un avis très personnel qu’il aura bien du mal à argumenter puisque le LOSC ne souffre pas de la comparaison avec les autres équipes du championnat : il est 11ème au classement du fair-play de la Ligue 1 et seuls 2 de ses joueurs ont reçu cette saison un carton rouge direct pour « faute grossière ».
Peut-être finalement que cette observation sans fondement n’avait pour seul objectif que d’accréditer sa seconde thèse, toute aussi absurde mais plus dangereuse : le comportement prétendu violent des joueurs lillois est délibéré, encouragé par son entraîneur, telle une « consigne de jeu ».
Ces déclarations et insinuations sont, pour employer des adjectifs qu’il utilise abusivement mais qui prennent ici tout leur sens, absolument scandaleuses et lamentables. Elles sont injurieuses et inacceptables car elles portent atteinte, gratuitement et par ignorance, à la réputation et à l’honneur d’un homme. Le LOSC les condamne avec virulence !
Pierre Ménès connaît-il René Girard, l’homme, le manager, pour émettre de telles affirmations ? S’est-il simplement intéressé à son travail ? Très peu, ou à travers la lucarne de sa télévision peut-être, mais on en demande un peu plus à un journaliste digne de ce nom. Sans doute René Girard n’est-il pas assez « showbiz » pour avoir eu le privilège de croiser la route de Pierre Ménès et de susciter son intérêt. Sans doute ce dernier ne dispose-t-il que de trop peu de temps pour rendre visite au football provincial. Cela expliquerait en tout cas la méconnaissance totale de l’entraîneur du LOSC par le journaliste qui semble se contenter de se forger ses préjugés et fantasmes sur René Girard depuis son piédestal parisien, sur la simple base de ses intuitions, de ses humeurs et de ses affinités.
Or ceux qui connaissent René Girard ou qui ont simplement pris la peine de s’intéresser à l’homme, savent à quel point il est un professionnel compétent et performant, autant qu’une personne remplie de valeurs et d’humanité. Loin des clichés et stéréotypes que Pierre Ménès continue de lui affubler. Très loin surtout des accusations honteuses qu’il se permet de lui adresser. D’ailleurs, les entraîneurs de Ligue 1 ne viennent-ils pas de désigner René Girard meilleur entraîneur du championnat pour la deuxième fois en trois ans ? Si tout le monde n’est évidemment pas forcé de partager cet avis, n’est-il pas extrêmement étonnant qu’il puisse objectivement y avoir un décalage aussi important entre le jugement d’un observateur et celui de l’ensemble de la profession concernée ?
Pierre Ménès a ce dimanche franchi les limites de ce que le club et de ce qu’un homme peuvent accepter. Le LOSC s’étonne par ailleurs que Canal + puisse tolérer ses dérives répétées, lui accordant même la meilleure partie de son temps d’antenne football, au détriment de journalistes et consultants pourtant plus avertis et mieux renseignés. Journaliste, comédien, polémiste… ? Monsieur Ménès nous fait surtout penser aujourd’hui à ces humoristes en manque d’inspiration qui, frustrés et aigris, construisent leur carrière et leur notoriété sur ce qu’il y a de plus facile et de plus pervers : le dénigrement gratuit et systématique d’autrui.
En répondant à Pierre Ménès, le LOSC a bien conscience qu’il participe à le mettre en lumière, à satisfaire son désir quelque peu malsain d’opposition et d’agressivité, à alimenter la polémique autant que son « business ». Mais faut-il pour autant lui laisser le monopole de la critique ? Tout ne peut être dit, et tout ne peut être accepté ! En ne répondant pas, le LOSC aurait trahi ses valeurs au même titre qu’il aurait trahi son entraîneur.