Que deviens-tu Matt Moussilou ?

PAR MAXIME POUSSET

Formé, révélé et toujours autant attaché au LOSC, Matt Moussilou en a marqué l’histoire, lui le dernier buteur à Grimonprez-Jooris, lui le meilleur réalisateur lillois en coupes d’Europe. À aujourd’hui 37 ans, celui qui joue encore au foot s’est rappelé aux bons souvenirs du club qui a marqué sa vie. Entretien.

Salut Matt. Ça fait plaisir de te revoir à Lille. Qu’est-ce qui t’amène ?

J’ai été invité par le LOSC dans le cadre des 75 ans. Et j’ai accepté sans hésiter. Revenir dans la région est toujours un grand plaisir, tu sais. Le LOSC restera mon meilleur souvenir en tant que footballeur, mais aussi dans mes relations humaines. Je suis arrivé ici quand j’avais 15 ans. On peut donc dire que c’est là que je me suis fait en tant qu’homme, où je me suis le mieux épanoui. Je me sens vraiment Lillois d’adoption.



Ça te fait quoi d’être ici ?

Ça me rappelle de belles émotions, même si le stade a changé. Je n’ai jamais eu la chance de jouer à Pierre Mauroy. C’est aussi très plaisant et surtout flatteur pour moi d’avoir été invité par le LOSC à cet événement des 75 ans. C’est d’ailleurs la preuve que le club n’oublie pas ses anciens. Les années passent, les joueurs se succèdent. Il y a eu ma génération, puis il y en a eu d’autres toutes aussi belles après. Le LOSC reste, il progresse et aujourd’hui, il est parmi les meilleurs en France.



Quelle image gardes-tu de tes années lilloises ?

(il réfléchit) Difficile de ne conserver qu’un seul souvenir d’une aventure qui a duré quasiment dix ans. Je dirais la gentillesse des gens, la communion avec le public et les résultats sportifs. On est parti de rien jusqu’à arriver en Champions League. À ce propos, ma plus grosse émotion restera sans doute notre victoire contre Manchester au Stade de France (1-0, 02/11/05). Déjà pour l’exploit et le fait que peu de joueurs ont la chance de disputer cette compétition. Mais aussi parce que le stade est à cinq minutes de là où j’ai grandi. C’était un grand moment, une immense fierté de voir toute ma famille, mes amis en tribune. C’est même certainement la consécration de ma carrière.



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Il y a aussi ce fameux triplé contre Istres…

(il coupe) Non, quadruplé. À chaque fois, on me parle d’un triplé car j’ai marqué trois buts durant les 18 premières minutes (ce qui fait d’ailleurs de cette performance le triplé le plus rapide de l’histoire du championnat). Mais ce jour-là (victoire 8-0, le 02/04/05), j’ai aussi marqué un quatrième but en deuxième période. C’était aussi un moment fort dans ma carrière. On marchait sur l’eau lors de ce match. C’était incroyable.



Et puis il y a cet autre but qui fait de toi un joueur qui restera pour l’éternité dans l’histoire du LOSC : tu es le dernier homme à avoir marqué à Grimonprez-Jooris…

191216Moussilou.png(il sourit) Je m’en souviens comme si c’était hier de celui-là. C’était le but à la 90e minute contre Bastia (2-0, le 15/05/04), lors du dernier match du LOSC à Grimonprez. Quand je vois ce qu’est devenu le stade aujourd’hui, à savoir un parc, ça fait bizarre et mal à la fois. J’ai vécu de magnifiques émotions là-bas. Le LOSC et ses supporters aussi.

 

Savais-tu que tu étais aussi le meilleur buteur lillois en compétitions européennes (9 réalisations) ?

Apparemment oui. J’ai entendu ça (sourire). C’est une grosse fierté pour moi, car ça prouve que j’ai réalisé de bonnes choses ici, que j’ai marqué des buts importants dans des matchs internationaux, ce qui n’est jamais facile. C’est ce que je retiens. Et puis ça me permet aussi de raconter de jolies histoires à mes enfants (sourire).



Les gens te reconnaissent-ils quand tu te promènes dans Lille ?

Toujours ! (il se marre) Je ne sais pas si c’est ma bouille qui n’a pas changé, mais je reçois à chaque fois beaucoup de sympathie. Et ça, je peux te dire que ça fait vraiment chaud au cœur. Les Lillois me parlent donc de ce « triplé » contre Istres, ils me racontent leurs souvenirs, me rappellent même parfois des buts dont je ne me souvenais plus … En tout cas, ils ont toujours de moi des souvenirs heureux. Et c’est ça le plus important, au fond.



Tu gardes un œil sur le LOSC d’aujourd’hui ?

Bien sûr ! Tous les anciens joueurs ont inconsciemment un club préféré, là où ils ont passé leurs meilleures années. Moi, c’est le LOSC, je ne l’ai jamais caché. J’ai été élevé ici. Ce club est resté particulier pour moi. Je le regarde toujours de près ou de loin. J’ai par exemple adoré la saison dernière, ce que l’équipe produisait sur le terrain, son état d’esprit. Je suis aussi ravi d’avoir pu revoir le club en Champions League cette saison, même si on sait tous que le niveau y est très élevé. Mais qu’importe, le LOSC est là, il progresse, il s’inscrit dans une évolution globale depuis dix ans, surtout ces dernières années avec le nouveau projet.





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Ikoné, Bamba, Soumaré, Maignan… Beaucoup de joueurs sont, comme toi, originaires de la région parisienne dans cette équipe. Es-tu surpris de leur adaptation rapide ?

Pas du tout. Je dirais même que le LOSC est le club parfait pour les jeunes joueurs d’Ile de France. Quand on voit la mentalité des gens ici, leur gentillesse, on ne peut que vite s’intégrer. Et puis il y a la proximité : Lille-Paris, ça se fait rapidement en voiture ou en train. On peut donc rapidement voir nos familles si besoin et nos familles peuvent aussi facilement venir à nous. Tout ça représente un gain de temps, donc une meilleure adaptation.

 

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Avant de se quitter, parle-nous un peu de toi. Que deviens-tu ?

Eh bien je joue toujours au foot, à 37 ans. Je fais perdurer le plaisir car j’aime ça, tout simplement. Je continue de marquer des buts pour le club de Meyrin, en Suisse, près de Genève. Parallèlement, je m’occupe de toute la section jeunes du club, spécifiquement des attaquants, de 15 à 21 ans. Je prépare mes diplômes et je mène aussi des études dans le management. J’ai pour projet de monter une académie, en Suisse. C’est un bon vivier, même si la culture foot n’y est pas aussi importante qu’elle pourrait l’être. On verra. En tout cas je me donne tous les moyens possibles pour réussir. 

 


Matt Moussilou

Né le 1er juin 1982 à Paris

1m82, 76kg

Attaquant

Clubs : LOSC, Nice, Saint-Étienne, Marseille, Al-Arabi, Nice, Boulogne, Lausanne, Club africain, Amiens, Le Mont, Yverdon, Meyrin

International Espoirs français et A congolais