Rétro Go LOSC ! Coup de fil à Stathis Tavlaridis
Tout au long de l’année Go LOSC !, le magazine officiel du club nordiste, effectue une plongée verticale dans la vie des Dogues pour vous permettre de découvrir la face cachée de vos joueurs favoris. Aujourd’hui, LOSC.fr revient sur l'interview rétrospective de Stathis Tavlaridis (parue dans Go LOSC ! n°19).
"Le LOSC ? La plus belle page de ma carrière"
Tel un géant, son nom est entré dans la mythologie du LOSC. Élément important d’une défense nordiste tutoyant l’Europe pendant trois saisons et demie, Stathis Tavlaridis a toujours su faire rimer virilité avec efficacité. Pour Go LOSC !, cette statue grecque sculptée dans la pierre losciste nous raconte son odyssée lilloise.
Allô, Stathis ? (dans un brouhaha ambiant) Oui, bonjour Go LOSC ! J’ai su que c’était vous en voyant le numéro de téléphone français s’afficher. Comment ça va ?
Très bien, merci. Où te trouves-tu en ce moment ? On dirait qu’il y a de l’ambiance autour de toi… (il élève le niveau de sa voix) Je suis dans un bar à Larissa, la petite ville grecque dont je défends les couleurs depuis cette saison. Là, nous sommes entre joueurs, nous regardons le match Aris Salonique-Manchester City (0-0) à la télé. Je t’entends très mal, il y a beaucoup trop de bruit ici. (il prononce quelques mots en grec) Attends, je vais rentrer à la maison, nous serons plus tranquilles pour l’interview. On se rappelle d’ici 15 minutes. Je me mets en route. À tout de suite (il raccroche).
(un quart d’heure plus tard) Nous voici à présent au calme. Remontons le temps. Si tu nous parlais de ton arrivée au LOSC en 2004. Comment t’es-tu adapté à ta nouvelle vie ?
Assez facilement, je dois l’avouer. Ce n’était pourtant pas gagné d’avance. Je ne connaissais personne dans le Nord et ne parlait pas un mot de français. Mon premier réflexe en arrivant à mon hôtel lillois a été de demander à la réception où se trouvait le restaurant grec le plus proche. On m’a indiqué celui de la rue Solferino. En une semaine, je m’étais fait plusieurs amis, ce qui m’a beaucoup facilité la vie.
On imagine que tu as gardé contact avec la communauté grecque de Lille.
Bien sûr ! J’ai conservé beaucoup d’amis dans la région et pas que des Grecs. (il pose sa voix) Je ne pourrai jamais oublier ces trois ans et demi passés à Lille. Sportivement comme sur le plan humain, ce fut sans doute la plus belle page de ma carrière. Je dois l’avouer très sincèrement : le LOSC restera à jamais le club de mon cœur. Il m’a fait connaître dans le monde du football et permis de découvrir la scène européenne. Je ne le remercierai jamais assez de m’avoir fait confiance.
Dans quel état d’esprit arrivais-tu dans cette équipe lilloise ?
(sans hésiter) J’avais faim ! Je sortais de deux saisons et demie en Angleterre (à Arsenal et Portsmouth) durant lesquelles j’avais énormément travaillé mais peu joué, si ce n’était avec l’équipe réserve. Je m’engageais donc dans ce nouveau challenge avec une grosse envie de m’impliquer à fond et de retrouver le plaisir du jeu. Pour le plaisir, il a fallu attendre ton deuxième match en Ligue 1.
Car tes grands débuts en France n’ont pas été placés sous le signe de la chance. Tu confirmes ?
(il éclate de rire). Un peu, oui. C’était au Parc des Princes contre le PSG (1-0) en janvier 2004. J’ai vécu un vrai cauchemar en marquant mon premier but … contre mon camp, après seulement douze minutes de jeu. Pour l’anecdote, notre gardien se nommait Grégory Wimbée, le même à qui j’ai ensuite inscrit mon second but en championnat, deux ans plus tard. Il évoluait alors à Metz et cette fois-ci, j’ai fait trembler les bons filets lors de cette victoire 3-1 au Stadium (il se marre). Ce sont des matches marquants de ma carrière, à l’image de cet AEK Athènes-LOSC (1-0, le 01/11/06) où j’ai vu rouge après seulement 22 minutes.
Tu parles de ton retour en Grèce avec le LOSC en UEFA Champions League ?
(il sourit) Celui-là, je m’en souviendrai toute ma vie. Il faut dire que j’étais très stressé. Tous mes amis et ma famille étaient dans les tribunes. Sans le vouloir, je m’étais infligé beaucoup de pression, d’autant que je voulais prouver à toute la Grèce que le Tavlaridis du LOSC avait progressé depuis son départ du pays à l’âge de 21 ans. Bref, j’ai joué avec énormément de tension et ce n’est jamais bon.
La première fois que tu es revenu au Stadium avec un autre maillot que celui du LOSC sur le dos, tu t’en souviens (LOSC-Saint- Etienne, 3-0, le 15 décembre 2007) ?
Comment l’oublier ? C’est sans doute l’un des moments les plus difficiles qu’il m’a été donné de vivre dans ma carrière. Jouer au Stadium avec une autre tunique que celle des Dogues sur les épaules était troublant, surtout devant ces supporters qui m’ont tellement apporté. Leur accueil, leurs applaudissements, les drapeaux grecs flottant en tribune : tout cela m’a fait extrêmement chaud au cœur.
Gardes-tu aujourd’hui encore un œil sur les matchs du LOSC ?
Je dois même t’avouer que je n’en manque pas un seul ! Je suis resté un grand fan de la Ligue 1 et plus particulièrement des Dogues. Il y a beaucoup de talents individuels dans cette équipe. Les jeunes respectaient les anciens et réciproquement. (silence) J’ai beau réfléchir, je n’ai jamais connu une telle osmose dans un groupe depuis.
Merci Stathis pour ces quelques minutes passées ensemble.
Merci à vous. J’ai prévu de revenir à Lille dans quelques mois. Je ne manquerai pas de faire un saut par le Domaine de Luchin. D’ici là, bonne continuation et allez le LOSC !