Rafael Leão, cœur de lion

PAR MAXIME POUSSET

Quand on naît avec un patroynyme synonyme de puissance et de domination, difficile d'aspirer à autre chose que de tenter de devenir le mailleur dans sa discipline. Saviez-vous qu'en Portugais, Leão
signifiait "lion" ? Alors s'il n'est pas encore le roi, Rafael en présente en tout cas tout le potentiel. Une allure féline, un instinct de prédateur et des griffes acérées devant le but. Car le LOSC est son territoire et c'est ici qu'il rugit, dans sa fosse.

Salut Rafael. Le public français te découvre cette saison. Mais qui es-tu ?

190218Leao1.png(sourire) Je suis né à Almada, à 10 minutes de Lisbonne, juste au bout du Pont du 25 avril. Mais j’ai grandi à Amora, une petite ville pas très touristique, quelques kilomètres plus loin, dans un appartement. Mon père vient d’Angola et ma mère de Sao-Tomé-Et-Principe. Ils se sont rencontrés au Portugal et ont fondé notre famille. J’ai trois frères et soeurs : deux jumeaux, Paulo et Bianca, qui ont 10 ans, ainsi qu’une autre petite soeur, Nadia, 6 ans.

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Et le football dans tout ça ?

J’ai commencé en bas de mon immeuble avec mes copains. Il s’avère que le président du club d’Amora habitait dans le même bâtiment que moi. Un jour, vers 7 ou 8 ans, il m’a parlé après m’avoir vu jouer à travers sa fenêtre pour me dire que je pouvais rejoindre son club. J’y suis allé et j’ai vite découvert que le foot de rue était très différent du football en club. Je ne suis finalement resté que trois semaines à l’Amora FC car juste après un tournoi, j’ai été détecté par le Benfica qui m’a alors envoyé à Foot 21, une structure qui n’existe plus aujourd’hui, mais qui était partenaire du club. J’y suis resté jusqu’en fin de saison avant de signer comme prévu au Benfica. Mais je n’avais aucun moyen de transport pour me rendre à l’entraînement. J’ai donc renoncé pour finalement aller au Sporting CP où j’ai alors réellement été formé.

L’été dernier, tu as 19 ans quand tu rejoins le LOSC. Comment as-tu vécu ce changement de vie ?

Tout est différent ici. Le froid est assez nouveau pour moi, par exemple. Et parfois, j’avoue que ce n’est pas facile. Concernant la langue, j’apprends chaque jour dans le vestiaire en échangeant avec mes partenaires, le coach, le staff. Et puis Jonathan Ikoné m’a fait découvrir le rap français. Naza, Kaaris, Booba… C’est un bon moyen d’apprendre le français. J’aime bien la ville de Lille. Il y a du monde, ça bouge et puis j’ai la chance de vivre dans le centre donc je peux tout faire à pied. Mes parents sont encore au Portugal, car ils y travaillent. Ils ne peuvent pas venir pour l’instant, sauf pour 2 ou 3 jours, de temps en temps.



Sur le terrain, on te sent épanoui, n’est-ce pas ?

Oui, je suis bien. Ce n’était pas évident au début, j’ai dû m’adapter à cette nouvelle façon de jouer, mais avec le temps et le travail, j’ai pris mes marques. Aujourd’hui, je me sens à l’aise avec mes partenaires, avec le coach et toutes les personnes qui travaillent au club. Tout est vraiment fait pour qu’on ne se concentre que sur le terrain. Je fais donc de mon mieux et j’arrive à marquer. La confiance est là et l’équipe fonctionne bien, alors c’est plus facile. Je dois encore progresser, être meilleur devant le but, par exemple.



On te voit assez proche de Loïc Rémy. Tu confirmes ?

Loïc est quelqu’un que j’aime vraiment beaucoup. C’est même l’une des personnes desquelles je suis le plus proche au club. Déjà parce que c’est quelqu’un de bien, mais aussi parce qu’il est une légende pour moi. Je le regardais à la télé quand j’étais plus jeune et aujourd’hui je suis dans le même vestiaire que lui. Il me parle beaucoup, me donne de bons conseils, je l’écoute, je m’inspire de sa façon de travailler, de ses déplacements sur le terrain, de son sens du but…



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Quels sont tes objectifs avec le LOSC ?

(sans hésiter) Continuer sur ma lancée, accrocher la deuxième place et jouer la Champions League. Je ne le cache pas, c’est un rêve pour moi comme pour pas mal de joueurs, je pense. Entendre cette chanson, affronter les plus grands clubs, les meilleurs joueurs. Je veux connaître ça un jour.



Au fait, on voulait savoir : pourquoi mimes-tu un téléphone quand tu marques ?

(il sourit) C’est pour mon père, car il regarde tous mes matchs et me téléphone après pour en parler. C’est donc une façon pour moi de lui dire : “regarde, j’ai réussi à marquer. On en parle après”. C’est une personne qui compte beaucoup pour moi ; il est toujours de bon conseil. C’est quelqu’un de froid, de dur, de très direct. S’il a quelque chose à me dire, il me le dira sans détour. C’est parfois difficile à entendre, mais au final, c’est très important.



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