À la découverte d’Hervé Renard… par Hervé Renard (2/2)
Qui mieux qu’Hervé Renard peut évoquer le parcours d’entraîneur d’Hervé Renard ? Alors qu’il vient de s’engager pour les trois prochaines saisons en faveur du LOSC, nous avons demandé au néo coach losciste de revisiter son parcours à travers des photos marquantes… Dans cette seconde partie, il revient sur le sacre avec la Côte d’Ivoire, évoque le tandem Gervinho-Kalou, Yaya Touré, en passant par la famille Ayew et sa découverte du Stade Pierre Mauroy.
UNE DEUXIÈME CAN DE SUITE, CETTE FOIS-CI AVEC LA CÔTE D’IVOIRE
« Sur cette photo, je me dis que je suis certainement né sous une bonne étoile pour vivre autant d’émotions et de joies. C’est pour ça qu’il faut parfois remercier quelque chose qui vient d’ailleurs (rires)… »
« Là, ça ne vous parle peut-être pas, mais c’est la dernière feuille de match, celle de la finale contre le Ghana. Je suis avec Gilles Morisseau, notre entraîneur des gardiens. Il m’a demandé de lui signer cette feuille en souvenir de cette formidable aventure. J’espère que nos routes se recroiseront un jour… car il a effectué un travail remarquable à mes côtés. »
« Ça, c’est l’Afrique ! Avant et après chaque entraînement, avant et après chaque match, on prie tous ensemble, en cercle. Il y a une prière pour les chrétiens et une autre pour les musulmans. C’est donc une belle leçon de vie car il existe une tolérance de chaque côté. Alors forcément, après cette victoire, l’émotion était encore plus forte. »
« J’ai beaucoup entendu parler de cette génération dorée ivoirienne avant de prendre les commandes de cette sélection. J’ai lu qu’il s’agissait de mauvais garçons, indisciplinés… Bref, des clichés qu’on peut entendre sur des joueurs de ce calibre. On a réussi à les faire travailler et à les persuader que c’était l’année où jamais. Nous avons simplement essayé d’y apporter un état d’esprit irréprochable. On a accompli notre mission. »
« Et sur cette photo, Yaya Touré est certainement le plus grand joueur que j’ai entraîné. Je lui ai proposé de venir au LOSC, j’attends sa réponse (rires). Cheik Tioté qui joue à Newcastle est à côté de lui, même s’il a été blessé après cette CAN. Il est plein d’énergie et sait aussi se sacrifier pour le collectif, parfois trop. En arrière-plan, il y a Éric Bailly, notez ce nom, il évolue aujourd’hui à Villarreal, mais au regard de son potentiel, je suis certain qu’il va signer prochainement dans un très grand club européen. »
GERVINHO-KALOU, UN TANDEM D’ANCIENS LILLOIS EN PUISSANCE
« Je vais commencer par Gervais que j’ai eu au téléphone avant de m’engager ici. J’ai senti dans ses propos que pour lui, le LOSC avait été une étape importante, déjà parce qu’il a réussi le doublé avec Lille. Mais j’ai aussi ressenti qu’il était vraiment content pour moi que j’arrive dans ce club. Ce garçon est capable de faire des différences à tout moment. Salomon, je ne l’ai pas tout le temps fait jouer, mais il a toujours affiché un état d’esprit remarquable. Même en s’asseyant sur le banc, il s’est sacrifié pour le collectif. Il a une part de responsabilité dans cette victoire car il a sans cesse répondu présent quand j’ai fait appel à lui. »
UN MOMENT FORT AVEC ANDRÉ AYEW
« Il faut replacer les choses dans le contexte. En 2007, j’arrive en sélection du Ghana comme adjoint de Claude Le Roy, une personne sans qui je ne serais pas là aujourd’hui. J’avais ces deux joueurs présents sur la photo dans le groupe, André Ayew et Asamoah Gyan. André avait alors 18 ans, sa petite sœur allait à l’école avec ma fille. On habitait à 200-300 mètres l’un de l’autre. J’ai bien connu Abedi, le papa, j’ai eu Jordan, le frère à Sochaux car André m’a aidé à le faire venir pour qu’il ait du temps de jeu et qu’il progresse. Des liens se sont noués entre nous en dehors du football. Alors quand je l’ai vu dans cet état-là, même si j’étais euphorique, j’ai pensé que j’aurais pu être de l’autre côté et que c’est terrible de perdre une finale. Je me suis souvenu de cette ultime défaite avec Sochaux. Ce genre d’échec marque toute une vie. J’ai voulu le consoler, même si mes mots n’ont pas eu trop d’importance. »
LA DÉCOUVERTE DU STADE PIERRE MAUROY LORS DE LOSC-SOCHAUX (2-0)
« Le souvenir que j’en ai ? Quand je suis rentré dans cette enceinte, j’avais l’impression d’être dans une salle de spectacle. J’avais alors été impressionné par la structure du stade. En plus, nous avions livré une bonne prestation, au-delà de la défaite. Ça reste un bon souvenir. Oui, désormais, ce stade va devenir mon jardin (il sourit), j’espère bien entendu y vivre de très belles émotions dans les années à venir. »
Un grand merci à Hervé Renard pour sa disponibilité. Pour revoir la première partie de l'interview, c'est par ici.