Oumar Dieng : "Les larmes aux yeux quand j’ai quitté le LOSC"
Défenseur des Dogues de 1989 à 1994, Oumar Dieng n’a jamais oublié ses années passées au LOSC. Et c’est non sans fierté et émotion que ce défenseur sénégalais, Lillois d’adoption, revient sur ses saisons passées dans le Nord. Rencontre.
Oumar, bonjour. Tu as quitté ton Sénégal natal à l’âge de 17 ans pour venir tenter ta chance au LOSC. Raconte-nous cette aventure ?
Bernard Lama, qui était à l’époque le gardien du LOSC, venait régulièrement passer ses vacances au Sénégal. Il s’entraînait là-bas avec un club de quartier dont je faisais partie. C’est là qu’il m’a découvert, ainsi que quelques jeunes de mon équipe. À son retour dans le Nord, il en a fait part à Mr. Charly Samoy, alors Directeur Sportif du club. C’est comme cela que j’ai débarqué à Lille.
Nous sommes alors en 1989. Comment vis-tu ce changement ?
Comme tout jeune qui coupe le cordon avec sa famille et qui part loin de son pays. Mais Jean-Noël Dusé, le Responsable du Centre de Formation lillois, m’a rapidement fait comprendre qu’une seconde famille m’attendait à Lille. Je n’oublierai jamais ce que le Nord m’a donné. J’y ai appris l’école de la vie. Je n’aurai jamais pu avoir la carrière que j’ai eue sans cela.
Quelques mois à peine après ton arrivée, tu débutes en D1, face à Metz, à seulement 17 ans. Quels souvenirs en gardes-tu ?
J’ai été lancé dans le grand bain par Jacques Santini. Il était très protecteur avec moi. Lors de ce fameux déplacement à Metz, il ne m’a pas dit que j’allais être titulaire, du moins pas avant 10h du matin, le jour du match. Cela faisait une semaine que je m’entraînais avec le groupe pro et il m’a invité à vivre de l’intérieur un déplacement, sans pour autant me faire part de ses intentions. Dans ma tête, je venais juste pour observer et je me suis retrouvé titulaire. Le coach m’a dit de ne rien changer, de faire ce que l’on me demandait, de gagner un maximum de duels. J’avais 17 ans et je me retrouvais au Stade Saint-Symphorien. Je me souviens encore du joueur que je devais surveiller : Eric Black, un international Écossais. Je pense que cela reste l’un de mes meilleurs souvenirs avec le LOSC. La pression, je ne l’ai connue que plus tard.
« Idrissa Gueye confirme son énorme potentiel cette saison »
Comme par exemple lors du match que vous avez remporté face à Marseille (2-0), futur champion d’Europe, en 1993 et durant lequel tu as trouvé le chemin des filets ?
Je me rappelle très bien de cette rencontre ! La partie avait été remise parce que le terrain était soi-disant détrempé et donc impraticable (initialement programmée le 4/12/92, elle a eu lieu le 06/01/93). Mais pas pour moi… Je suis sure que l’on aurait pu le jouer à la date convenue !
Cette rencontre a été spéciale pour toi…
(il coupe) J’avais envie de frapper un grand coup. Je ne voulais pas passer à côté de ce match. C’était la grande équipe de Marseille, futur championne d’Europe avec Papin, Barthez, Boli, Desailly… et j’en passe ! En gagnant cette saison-là face à l’OM, on a marqué l’histoire, quelque part. Mon but ? Je monte en retard sur un corner, j’avais vraiment laissé beaucoup de jus en défense. Barthez le repousse des deux poings et je reprends le ballon d’une volée croisée du gauche… Tout le monde sait qu’à l’époque je ne me servais que de mon pied droit ! Après, il a fallu se reconcentrer, bien défendre et contenir les assauts. C’est ce qu’on a su faire. C’était un vrai match référence pour ma part.
Le LOSC était un peu votre seconde maison ?
Il y avait Bernard Lama, le grand frère, Abedi Pelé, Christophe Galtier, Stéphane Adam… Quant aux supporters, ils m’ont toujours suivi et soutenu. Ils m’ont connu dans toutes les phases de ma carrière. Des cadets, à la réserve puis aux pros. Je me souviendrai toujours du jour où Jean Fernandez m’a annoncé que j’étais transféré au PSG, j’en avais les larmes aux yeux. J’étais triste de quitter le Nord. J’avais 21 ans et j’avais tout connu avec Lille. Pour moi, les autres équipes n’existaient pas, tout tournait autour des Dogues.
Aujourd’hui, il reste un joueur sénégalais dans les rangs lillois : Idrissa Gana Gueye. Quel regard portes-tu sur ton compatriote ?
Idrissa confirme son énorme potentiel. Mais il ne vit pas sa saison de la révélation, comme j’ai pu le lire. Pour moi, il avait déjà explosé avant, sauf qu’il était dans l’ombre de Mavuba et Balmont. Aujourd’hui il a atteint sa plénitude avec une régularité extraordinaire. C’est un exemple d’humilité, mais aussi d’agressivité parce que sur le terrain, il faut le canaliser, c’est un vrai lion. Il a amené une valeur ajoutée à son jeu en parvenant à bien récupérer les ballons, à se projeter vers l’avant et même à terminer les actions. Il a franchi un nouveau palier.
Merci à Oumar Dieng pour sa disponibilité. #WeAreLOSC
Oumar Dieng
Né le 30/12/1972 à Dakar (Sénégal)
Défenseur gauche, centre
Clubs : ASC Jeanne d’Arc Dakar, LOSC (1989-1991), CS Louhans-Cuiseaux (1991-1992, prêt), LOSC (1992-1994), PSG (1994-1996), Sampdoria Gênes (1996-1998), Auxerre (1998-1999), Sedan (1999-2000), Rizespor (2000-2002), Trabzonspor (2002-2004), Konyaspor (2003-2005), Akratitos (2005-2006), Kavala (2006-2007)
Palmarès :
Champion de France Cadets en 1989 avec le LOSC
Vainqueur de la Coupe des Coupes en 1996 avec le PSG
Vainqueur de la Coupe de France en 1995 avec le PSG
Vainqueur de la Coupe de la Ligue en 1995 avec le PSG
Vainqueur du Trophée des Champions en 1996 avec le PSG
Vainqueur de la Coupe de Turquie en 2003 et 2004 avec Trabzonspor
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