Pasteur-Lille : "Les joueurs représentent une forme d'idéal"

Cette année, le LOSC a consacré une partie de son programme "Grandes Causes" à une nouvelle action de santé publique : la nutrition des lycéens. Éclairage avec Elisabeth Brissieux, Responsable du Pôle santé publique au sein du service de nutrition de l’Institut Pasteur de Lille.

Madame Brissieux, bonjour. Pouvez-vous nous présenter de façon transversale ce vaste projet nommé "nutrition durable dans les années lycée" ?

Il s’agit d’un programme d’éducation pour la santé à destination des lycéens et plus particulièrement à ceux des sections professionnelles qui semblent, selon les études des professionnels de terrain, les plus touchés par les problématiques d’obésité. Par « nutrition », nous englobons l’alimentation et l’activité physique. Quant au « durable », il fait écho à une démarche écoresponsable.

Ce programme d’action s’adresse donc uniquement aux jeunes adultes ?

Nous visons essentiellement un public âgé de 15 à 18 ans, dans huit établissements de la région, à raison d’une trentaine de jeunes par lycée. Mais l’idée est également de toucher l’ensemble de la communauté éducative (chefs d’établissements, élèves, parents, profs, cuisiniers, infirmières, assistantes sociales…). Plutôt que de mettre en place un grand programme national pour tous les ados, on a imaginé des actions adaptées au plan local.

Pourquoi cela représente-t-il un objectif prioritaire dans le Nord-Pas de Calais ?

Dans la région, on vit en moyenne trois ans de moins que dans le reste de la France. Ce n’est pas rien. Cette statistique s’explique en partie par un plus fort taux d’obésité et de maladies cardiovasculaires. Fidèle à son axe de travail, l’Institut Pasteur de Lille poursuit des recherches incessantes afin d’augmenter la longévité des habitants de la région, tout en leur garantissant une certaine qualité de vie.

« Je pense que le LOSC, et plus particulièrement ses joueurs, peuvent transmettre nos messages et nos valeurs de manières plus efficientes qu’un diététicien ou un éducateur sportif »

 

Vous confirmez que d’une manière générale, les adolescents s’alimentent de façon moins saine que leurs aînés et que dans le même temps, ils ne font pas suffisamment d’activité physique ?

C’est un fait. Dans la plupart des cas, les adolescents vont mobiliser à l’âge adulte des pratiques qui leur ont été transmises par leur famille. S’ils ont été habitués à manger peu varié et avoir un style de vie sédentaire, ils reproduiront généralement les mêmes schémas que leurs proches. On a constaté qu’une alimentation peu équilibrée n’était pas due à un manque moyens, mais davantage à des données culturelles.

Comment y remédier ?

À partir de là, notre démarche se veut pédagogique. Il faut apprendre à ces lycéens à manger de tout et à pratiquer une activité physique régulière pour changer leur prérequis. Et d’autant plus pour ceux qui se sont engagés dans des filières qui les amèneront demain à cuisiner pour d’autres.

En quoi est-ce important qu’un club comme le LOSC soutienne ce projet ?

Je pense que le LOSC, et plus particulièrement ses joueurs, peuvent transmettre nos messages et nos valeurs de manières plus efficientes qu’un diététicien ou qu’un éducateur sportif. Ils représentent une forme d’idéal. Je crois que la passion peut vraiment faire bouger les lignes. Les footballeurs professionnels n’ont pas tous grandi avec un modèle idéal d’alimentation. Certains ont dû l’adapter, l’améliorer.

Concrètement, comment va être employée l’aide financière levée par le LOSC ?

Ces fonds vont servir à cofinancer des projets avec le secteur public. Cette participation du LOSC va nous permettre de mettre en oeuvre des actions éducatives et d’investir dans des outils, du matériel.

Merci à Elisabeth Brissieux.