Bernard Lama à la rencontre d'un jeune Dogue

Avant #LOSCPSG, l’ancien Dogue et Parisien a rendu visite à une jeune pousse lilloise originaire du nouvel Institut Diambars en Afrique du Sud.

C’est tout sauf un hasard si à quelques heures de #LOSCPSG (1-1), une ancienne légende des deux équipes est venue nous rendre visite au Domaine de Luchin. Juste avant de donner le coup d’envoi fictif de l’affiche de la 16e journée au Stade Pierre Mauroy, Bernard Lama (Lillois de 1982 à 1989, puis Parisien de 1992 à 2000) a poussé les portes du centre de vie losciste. Pourquoi ? Nous lui avons posé la question…

Bernard, bonjour. Que nous vaut l’honneur de votre présence au Domaine de Luchin ?

Ma visite s’inscrit d’abord dans le cadre des 70 ans du LOSC, puisque je n’avais pas pu être présent lors des festivités, le 1er novembre dernier. Mais je tenais vraiment à venir car il s’agit d’un club qui me tient beaucoup à cœur. Chaque occasion de retrouver Lille est bonne. J’avais déjà fait un saut au Stade Pierre Mauroy en début de saison, face à Metz (0-0, le 09/08/14).

En parlant du soixante-dixième anniversaire du LOSC, vous figurez dans la liste des 70 meilleurs joueurs de l’histoire du club lillois. On imagine que vous en tirez une certaine fierté…

Forcément. Le LOSC est mon club formateur, là où j’ai démarré ma carrière. Il compte donc énormément pour moi. Il est aujourd’hui l’un des meilleurs en France et doit maintenant le rester. Les conditions de travail y sont exceptionnelles, que ce soit avec le Stade Pierre Mauroy ou le Domaine de Luchin. Ma venue ici est également une façon d’apporter ma solidarité à ce projet et à cette institution dans laquelle je compte encore beaucoup d’amis, trente ans après.

Votre passage par le centre de vie des Dogues s’explique aussi par des retrouvailles avec un jeune joueur. Vous nous racontez ?

Oui, j’ai également profité de ma venue pour passer un moment avec Lebo Mothiba, un garçon issu de notre nouvelle académie Diambars en Afrique du Sud et qui a rejoint le LOSC cette saison. Après le Sénégal en 2003, nous avons ouvert une deuxième antenne de l’institut à Johannesburg, début 2010. Lebo fut le premier pensionnaire à s’envoler pour l’Europe.

 

On imagine que pour vous, co-initiateur du projet, c’est quelque chose de très symbolique de le voir ici aujourd’hui ?

C’est assez extraordinaire, oui. Lebo était l’un de ces enfants que nous avons sélectionné, choisi à travers des sessions de détections. Je l’ai suivi de 2010 à 2012. Mais depuis, je n’ai pas eu l’occasion de retourner à Johannesburg. C’est donc avec un grand plaisir que je le retrouve à Lille. Le fait qu'il soit aujourd’hui en France concrétise notre travail. Il ne le sait peut-être pas, mais il constitue un exemple pour les autres pensionnaires de l’académie. Ces garçons sont parfois issus de milieux très défavorisés, vivent dans des conditions difficiles, des Townships (zones urbaines souvent pauvres, sous équipées). »

Quel type de joueur est-il, Lebo Mothiba ?

Déjà, c’est un garçon charmant, quelqu’un de bien élevé. Sur le terrain, il est complet, peut évoluer un peu partout sur le plan offensif. Il a été recruté en tant qu’attaquant, mais il n’est pas impossible qu’il redescende d’un cran au fil des années. Lebo possède un très bon esprit collectif, c’était l’un des leaders de son équipe en Afrique du Sud. Il va maintenant devoir s’adapter, faire face au changement de climat, à une vie différente, à une nouvelle langue. On espère qu’il ouvrira la voie à d’autres après lui.

En quoi le LOSC constitue-t-il une étape capitale pour ces jeunes qui sortent de Diambars ?

Comme pour moi lorsque je suis arrivé à Lille, ils reçoivent ici une formation de haut niveau, dans un club qui donne sa chance aux jeunes à partir du moment où ils travaillent correctement. C’est important de démarrer dans une structure ambitieuse et à l’échelle humaine. Lebo, comme Idrissa (Gueye) ou Pape (Souaré) avant lui, va vivre son premier hiver ici. Même s’il connaît déjà le froid (les températures descendent parfois en dessous de zéro à Johannesburg), il aura tout de même besoin d’une bonne saison pour s’adapter et exploiter son potentiel. Un potentiel qu’on ne mesure pas, d’ailleurs. Il est encore jeune (18 ans) et doit découvrir un nouveau monde.

À ce propos, quel regard portez-vous sur l’évolution d’Idrissa Gueye et Pape Souaré, les deux premiers à avoir rejoint l'écurie losciste ?

Ils sont aujourd’hui des pièces maîtresses de l’équipe première et de leur sélection du Sénégal. "Gana" (Gueye) fut le premier Diambars à avoir signé un contrat pro dans un club européen, c’est un peu notre ambassadeur, notre étendard. Je suis content de voir que Pape (Souaré) prend aussi la bonne direction. Pour nous, c’est une grosse fierté d’avoir des résultats, car ça valide notre projet de faire du football un moteur pour l’éducation.

Lebo Mothiba (Attaquant des U19 du LOSC)

« Je n’ai jamais eu la chance de voir jouer Bernard Lama en vrai, mais j’ai vu des vidéos de lui sur Youtube. C’était un très grand gardien de but, qui a notamment joué en Équipe de France, avec qui il a gagné la Coupe du Monde. Je viens d’apprendre qu’il a lui aussi été formé au LOSC. C’est important pour moi. Je dois tout faire pour m’inspirer de lui et essayer d’accomplir ce qu’il a accompli. » 




Des "guerriers" à la conquête de l’Europe !

Cofondée en 2003 au Sénégal par Bernard Lama, Jimmy Adjovi-Boco, Saer Seck et Patrick Vieira, l’Académie Diambars (guerrier en langue wolof) a ouvert une antenne à Johannesburg (Afrique du Sud) en 2010, en attendant un troisième institut de sport-étude à Cergy (95) dans quelques mois.

En 2008, Idrissa Gueye et Pape Souaré étaient les premiers pensionnaires à rejoindre l’Europe. Ils furent rapidement suivis d’Omar Wade (Lillois de 2009 à 2013), puis d’El Hadj Mour Samb (au centre de formation du LOSC depuis 2012) et depuis cet été, de Lebo Mothiba, premier pensionnaire du Diambars Sudafricain à rejoindre le Vieux Continent.

« J’espère que dans le futur, on verra d’autres Diambars en équipes nationales, souhaite Bernard Lama. Le LOSC ne pourra pas tous les accueillir, malheureusement, mais ils feront carrière ailleurs, comme c’est déjà le cas aujourd’hui. » Joseph Lopy (Sochaux), Kara Mbodji (Genk) ou encore Saliou Ciss (Valenciennes), Pape Alioune N’Diaye (Bodö/Glimt, Norvège) ont notamment suivi les pas de nos Dogues.