​"Ici à la Réunion, il fait 30 degrés à l’ombre"

PAR MAXIME POUSSET

Hier encore, il avait Eden Hazard ou Lucas Digne comme équipiers. Mais Thomas Lebon n’a pas connu le même destin que ses ex-compagnons de jeu. Retourné sur son île de la Réunion natale, l’ancien gardien de la CFA lilloise (25 ans) connaît bien l’Excelsior Saint-Joseph. Il nous dresse le portrait du futur adversaire des Dogues en 1/32e de finale de Coupe de France, ce samedi (15h) au Stade Pierre Mauroy.

Entre solidité défensive et expérience

« L’Excelsior n’est pas la plus grosse équipe de la Réunion, mais elle fait tout de même partie du top 3, selon moi. Cette saison, elle possède d’ailleurs l’une des meilleures défenses. En championnat, Saint-Joseph est capable de tenir le 0-0 jusqu’à la fin grâce à une défense très compacte qui encaisse peu de buts, avec des joueurs de gabarits costauds. C’est vraiment sa principale qualité. L’équipe s’appuie aussi sur pas mal de garçons d’expérience, dont certains ont déjà côtoyé un club pro, comme Grondin, Acapandié ou El Madaghri. Je pense qu’ils sont capables de tenir le score. Je ne sais pas combien de temps, mais s’il y a 0-0 à la mi-temps, je ne serais pas surpris. »

 

 

Tous devant le "Payetico" !

« Ce match est vécu comme un événement, ici à la Réunion, d’autant qu’il sera retransmis à la télé. Je ne sais pas si les joueurs auraient préféré recevoir le LOSC ou partir jouer au Stade Pierre Mauroy, mais une chose est sûre, ils sont contents d’avoir tiré une Ligue 1, de pouvoir vivre cette expérience. Je pense que pas mal de monde sera devant la télé, samedi. Et puis, ce match est aussi particulier car il voit les anciens clubs de Dimitri Payet s’affronter. »

 

Un choc thermique anticipé

« J’espère aussi qu’il ne fera pas trop froid car ça peut vraiment représenter le point négatif pour les Réunionnais. Ici, c’est l’été, il doit faire 30°C à l’ombre. Il y aura donc forcément un choc thermique. Mais l’équipe est arrivée en métropole en début de semaine. Elle aura le temps de s’adapter. L’entraîneur (Bernard Mahmoud) et plusieurs joueurs majeurs sont d’anciens pros ou stagiaires pros. Ils connaissent ce froid-là, ils sauront gérer ce changement. Sans oublier que l’Excelsior a déjà connu la métropole en novembre dernier (les Tangos s’étaient qualifiés sur le terrain d’Avoines-Chinon-Cinais, 1-1, 2 tab à 4, au 8e tour de la Coupe de France).



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"Dans le foot, il y a ceux qui percent et les autres"



Beaucoup de talent, pas mal de rigueur, une bonne dose d’abnégation, des tas de sacrifices, un peu de chance et de réussite, aussi. La recette pour devenir joueur professionnel est connue et très difficile à convertir. Alors quand son avenir ne se dessine finalement pas sur les terrains pros, l’essentiel est de rebondir. Et de ce point de vue, Thomas Lebon connaît la chanson.

Cinq ans au LOSC…

« En 2006, j’ai été repéré par le LOSC à l’occasion de la coupe nationale U14, à Clairefontaine. J’ai alors rejoint le centre de formation, d’abord au CREPS de Wattignies, puis au Domaine de Luchin jusqu’en 2011. J’ai ensuite joué à Cherbourg puis Lannion, avant de rentrer à la Réunion (Saint-Louisienne). Mais il devenait compliqué de vivre du football. Grâce au LOSC, j’avais obtenu un diplôme, le BP JEPS, qui m’a alors permis de trouver un emploi. Car un club m’a proposé de garder ses buts tout en m’assurant un travail à la mairie. Aujourd’hui, je suis donc éducateur sportif à La Possession, une ville d’ailleurs jumelée avec Villeneuve d’Ascq. »

… et un diplôme à la clé

« Quand tu viens d’une petite île comme la Réunion, c’est déjà une consécration d’avoir été stagiaire pro. Même si je n’ai pas pu passer le cap, je ne garde que de bons souvenirs de mes années au LOSC. J’ai joué avec de grands joueurs (Hazard, Salibur, Digne, Soumaoro, Souaré…), disputé une quinzaine de matchs en CFA, me suis plusieurs fois entraîné avec les pros… Dans le foot, il y a ceux qui percent et les autres. Ceux-là ne doivent donc pas rester sans rien. Je me souviens encore d’une parole de Rachid Chihab qui nous disait qu’on ne deviendrait pas tous pros, qu’il fallait donc privilégier nos études. Aujourd’hui encore, je remercie le LOSC de m’avoir permis de passer ce diplôme. »



Merci à Thomas Lebon pour sa disponibilité. LOSC-AS Excelsior, c’est ce samedi (15h) au Stade Pierre Mauroy.

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