Rui, un Fonte peut en cacher un autre

PAR MAXIME POUSSET

Grimpé dans le train lillois de minuit avant qu'il ne quitte la gare du mercato, le 31 août dernier, Rui Fonte s'y est rapidement installé parmi les passagers les plus appréciés. Il faut dire qu'à 28 ans, le frère cadet de José est un voyageur polyvalent et expérimenté dans le wagon lillois. De gare en gare, retour sur sa trajectoire. Rui go !

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Salut Rui. Un papa ancien footballeur pro, un grand frère lui aussi dans le métier. On imagine que le ballon rond a toujours été quelque chose d’assez naturel pour toi, non ?

(sourire) Oui, on peut même dire que je suis né dans le football. À deux ans, mes parents, mon frère José, que vous connaissez, et moi avons quitté Penafiel, où je suis né. Nous sommes venus vivre à Lisbonne où mon père a terminé sa carrière. J’ai donc grandi en allant voir jouer mon papa, puis surtout José. Chaque week-end, nous allions assister à ses matchs, même à l’autre bout du pays. Et moi je l’observais sur le côté, j’allais shooter dans le ballon sur le terrain pendant la mi-temps.



José et toi avez six ans d’écart. Etiez-vous proches quand vous étiez enfants ?

Oui, on a passé beaucoup de temps à jouer au foot ensemble dans la rue. Il était même obligé puisque le ballon m’appartenait. Donc s’il voulait faire un match avec ses copains, il devait s’arranger pour que je sois de la partie (sourire). Il aura finalement été un peu mon premier coach. Il a pris soin de moi et m’a énormément conseillé, surtout vers 14-15 ans, lorsqu’il fallut se poser la question de savoir si le foot allait devenir mon métier ou rester un loisir. Je n’ai jamais arrêté de m’inspirer de lui. Je ne dis pas ça parce qu’il est mon frère (sourire). Il est vraiment un excellent exemple.



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Et ses conseils furent les bons, puisque très vite, on décèle chez toi de grosses dispositions à devenir footballeur…

À six ans, j’ai pris une licence dans le petit club de Sacavenense, au Nord de Lisbonne. Un jour, un recruteur du Sporting CP, qui avait été l’entraîneur de mon père lorsqu’il était plus jeune, est venu regarder l’un de nos matchs. Il discutait avec mon papa, sur le bord du terrain et lui a demandé : "qui est ce garçon qui joue devant”. Et mon père de répondre : "c’est mon fils, Rui". J’ai été invité à un essai de trois jours, j’y ai signé et j’y suis resté jusqu’à mes 16 ans. 



181218RFONTE.pngEt c’est là que ta carrière bascule, lorsqu’à peine entré dans l’adolescence, tu es recruté par… Arsenal. Un immense changement, on imagine.

Oui, complètement. Je suis parti seul, j’ai quitté ma famille et mon pays pour aller vivre en Angleterre. Ça reste une grande expérience, même si sur le moment, ce n’était pas évident. J’ai su parler anglais en moins d’un an, mais disons qu’humainement, quand quelque chose n’allait pas bien, c’était difficile de n’avoir personne à qui se confier, de ne pas avoir sa famille à ses côtés. À cet âge, dans un club comme Arsenal, beaucoup de joueurs ont un niveau très proche, tout se joue parfois sur des détails. J’ai beaucoup lutté mais avec le recul, je me dis que ça m’a permis de grandir plus vite. Et puis le fait d’avoir été formé à Arsenal m’a servi pour la suite. Car à 19-20 ans, les autres joueurs portugais de mon âge évoluaient à un niveau plus bas.



Tu prends finalement la décision de rentrer au Portugal. Pourquoi ?

J’avais besoin de retrouver ma famille. De toute façon, si je ne restais pas à Arsenal, il était prévu dans mon contrat que je retourne au Sporting CP. J’ai ensuite signé à l’Espanyol Barcelone, une superbe expérience, avec un très grand coach, Mauricio Pochettino. J’ai alors eu l’opportunité de rejoindre le Benfica. D’abord avec l’équipe B, qui évolue en D2, puis normalement avec l’équipe première, sauf que je me suis blessé lors de mon premier match, et j'ai été éloigné des terrains pendant plusieurs mois…



Après de belles années à Braga et Fulham, ton chemin te mène finalement au LOSC, l’été dernier. Après trois mois dans le Nord, quel regard portes-tu sur cette nouvelle étape dans ta carrière ?

Je suis vraiment heureux ici. Je retrouve un peu l’ambiance qui existait à Braga : un club humain soutenu par toute une ville et une équipe dans laquelle il existe une volonté d’accomplir quelque chose de fort. On sent le plaisir des supporters lorsqu’on les croise dans la rue. Bon, j’avoue qu’ils me reconnaissent plus facilement lorsque je suis avec mon frère (il éclate de rire).



En parlant de José, comment vis-tu le fait de l’avoir retrouvé ici ?

Avec beaucoup de plaisir. Nous vivons d’ailleurs dans la même maison, avec ma femme. Sa famille n’ayant pas encore pu venir s’installer à Lille, notamment à cause de la scolarité de ses enfants, il était plus simple et naturel de rester ensemble. Je vais être papa pour la première fois en février. Il parait que ça change la vie (sourire) à jamais un endroit spécial pour moi, puisque mon fi ls va y naître. Peut-être même qu’un jour il jouera au LOSC…



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