Nico la pépite
PAR MAXIME POUSSET
Il est arrivé dans la peau du petit jeune qui monte, de l'espoir à suivre, de la pépite en devenir. Et puis il a bossé, il a progressé, il a même explosé. Moins de deux ans après, il s'impose comme l'un des joueurs les plus en vue d'Europe. Meneur, passeur, buteur, lui c'est Nicolas Pépé. Profession : flingueur. Option : perforateur.
Salut Nicolas. On se posait une question : en quoi le Nico’ Pépé 2018-2019 est-il meilleur que sa version 2017-2018 ?
(il sourit) Je pense avoir progressé sportivement mais aussi mentalement. L’an dernier, j’ai marqué 13 buts, dont la grande majorité durant la seconde partie de saison. Avant ça, pour moi, c’était le néant ou presque en termes de buts, je n’ai pas peur de le dire. Ça m’a forgé mentalement, j’ai appris à être patient. Quand tu ne marques pas, tu reçois des critiques, ça pèse, mais il faut réussir à en faire abstraction. Et pour ça, j’ai toujours pu compter sur un cocon familial très fort. Quand je rentre chez moi, je fais le vide, je me recharge en énergie. Dans le foot, je pense que si tu es heureux à l’extérieur, ça se ressent sur le terrain.
Y a-t-il eu un déclic, un basculement à un moment précis ?
(il réfléchit) Non, je ne pense pas. Je parlerais plutôt de prise de conscience individuelle et collective. Je ne connaissais pas cette situation, celle de jouer le maintien. C’était nouveau pour moi. J’essayais d’être fort mentalement, de faire preuve de personnalité. Il en faut pour jouer ce genre de matchs à pression. Peut-être que sans cette année à batailler du début à la fi n, nous n’aurions pas la même réussite aujourd’hui. Car mentalement, nous n’abordons plus les matchs de la même façon. Et ça, tous les joueurs qui ont vécu cette saison-là vous le diront.
Comment juges-tu ta progression, toi qui vient de jouer ton 100ème en Ligue 1 (à Reims, 1-1, le 07/04/19) ?
Elle se construit par phases. Il y a eu d’abord Angers, l’apprentissage. Je n’étais pas titulaire mais j’ai quand même pu faire 33 apparitions (2016-2017), des bouts de matchs, quelques minutes par ci, par là. C’était formateur. Au LOSC, j’ai ensuite progressé dans mon approche des matchs. Je n’entre plus de la même façon sur le terrain. Avant, il y avait cette crainte, ce doute sur comment faire tel ou tel appel. J’ai gagné en confiance en moi, je pense. Et puis il y a aussi les statistiques. Ça compte quand on est attaquant. À Angers on me reprochait de ne pas être suffi samment tueur, de ne pas faire marquer, de ne pas fi nir mes actions. J’ai beaucoup bossé et je bosse toujours beaucoup là-dessus.
Après les matchs, on te voit souvent revisionner la rencontre dans l’avion, dans le bus. En quoi ce travail de débriefing est-il important pour toi ?
Parce qu’il me permet de voir ce qui a fonctionné ou non. Je ne regarde pas que ma performance, mais le match dans son ensemble. J’essaye d’analyser à quel moment j’aurais pu donner mon ballon, ou quand mon partenaire aurait pu faire tel ou tel décalage. Vous savez, moi, le match, je l’ai vécu sur le terrain, je n’ai donc pas la même vision que vous. Et puis ça permet ensuite d’en rediscuter entre nous, d’ajuster certains choix. Personnellement, il m’arrive même de le revoir 3 ou 4 fois, parfois en rentrant chez moi, quand je n’arrive pas à trouver le sommeil, puis le lendemain, quand il tourne en boucle sur l’écran dans le vestiaire. Je suis aussi amené à demander aux analystes vidéo, qu’ils m’envoient, en plus, le montage complet de mes actions, de mes courses…
Et dans quels domaines souhaites-tu encore progresser ?
Sur tous les aspects. Je cherche toujours à m’améliorer, car rien n’est acquis. Il faut surveiller le moindre relâchement. Avant, j’avais tendance parfois à affi cher un peu de nonchalance dans mon jeu. Je l’ai gommé pour m’améliorer dans la finition, le dribble, le repli défensif. Ce sont des domaines dans lesquels je travaille au quotidien. C’est un tout.
Qui dit performance sur le terrain dit naturellement popularité. Comment le gères-tu, toi qui es un homme assez discret en dehors du terrain ?
Les gens ont toujours été très sympas avec moi lorsqu’ils me reconnaissent dans la rue. C’est à chaque fois agréable de faire des photos avec les supporters, ça ressource. Même si aujourd’hui, j’ai un peu plus de notoriété, je ne veux pas changer et me prendre pour un autre, paraître inaccessible. Au contraire, c’est même à mon avis le genre de comportement qui peut contribuer à te faire chuter. Non, il faut rester simple, disponible. À chaque match, le public nous fait sentir qu’il est là, derrière nous. On est tous unis et pour moi, vraiment, c’est un honneur.
Un petit mot sur ce sprint final dans lequel vous êtes engagés. Comment le gérez-vous ?
Sans pression, vraiment. On essaye d’aborder chaque match indépendamment, sans penser à celui d’après. L’objectif est de prendre des points, car on en a besoin dans ce fameux sprint fi nal pour la deuxième place qui devrait se jouer avec Lyon. Nous savons ce que nous avons à faire. On doit aborder chaque rendez-vous comme une finale et on verra ou ça nous mènera.