Pour Anne-So notre speakerine !

PAR MAXIME POUSSET

Trente ans de joies, de peines, d’émotions vécues à l’unisson avec le LOSC, SON LOSC. Le micro en main et les yeux sur le terrain, Anne-Sophie Roquette a accompagné l’Histoire du club de son cœur, toujours avec ferveur. À l’heure où le rideau s’apprête à tomber sur une saison d’exception, la voix du LOSC a décidé de tirer sa révérence. Car après LOSC-SCO, non sans quelques sanglots, Anne-So’ raccrochera le micro.

Salut Anne-So’. Toi qui connais le LOSC depuis 1989, à quoi ressemblait-il lorsque tu as commencé ?

190515ASR2.pngIl n’avait rien à voir. Tout était plus petit, avec beaucoup moins de salariés, par exemple. Pourtant, le club évoluait déjà en D1, même s’il est passé par des moments difficiles. Quand je vois ce qu’il est devenu aujourd’hui, une grande entreprise, un club qui rayonne sur la scène nationale et bientôt à nouveau à l’international, ça me rend fière, car le LOSC a grandi, a évolué et est vraiment entré dans un nouvel univers.



La ferveur du public lillois est-elle différente aujourd’hui par rapport à hier ?

Non, je dirais que la passion reste la même. Elle se transmet entre les générations. D’ailleurs, je suis attendrie lorsque je vois des mômes de 15 ans chanter “tout petit déjà mon père m’emmenait à Grimonprez”, les soirs de matchs (sourire). Nos valeurs ne changent pas, les supporters s’identifient au LOSC car il représente le club de leur ville, de leur région. La seule différence, c’est qu’aujourd’hui peut-être plus qu’hier, les gens sont fiers d’être supporters lillois. On le voit par exemple avec les maillots que les enfants portent sur les terrains de foot de la métropole. Le LOSC y est beaucoup plus présent qu’avant.



Tu termines ton aventure au LOSC au coeur d’une saison de tous les records, avec une qualification européenne à la clé. Faut-il y voir le signe que tu pars par la grande porte ?

Peut-être, oui (sourire). Tu sais, ce club je l’ai dans la peau. Je l’ai toujours aimé, que ce soit dans les bons comme dans les mauvais moments. Je n’ai jamais baissé les bras. Alors oui, raccrocher le micro cette année, c’est magique, car nous avons un groupe exceptionnel, soudé, qui est heureux de jouer ensemble. Ça se ressent sur le terrain par les regards complices, les attitudes. Il me fait penser à celui de 2010-2011. Ce LOSC-là mérite vraiment d’aller en Champions League. Tout le club, tout le public le mérite.



Que ressens-tu au moment de tourner cette page ?

190515AnneSo1.jpgBeaucoup de tristesse (elle marque un silence). Ça va être dur, je le sais. Mais la vie passe et on ne sait jamais ce qu’elle nous réserve. Je veux donc profiter des miens, de ma famille. Mais tout ça va me manquer, c’est sûr (sa gorge se serre). Je crois que je n’ai pas fini de braire (elle se marre) c’est ma famille, c’est un morceau de moi. Et aujourd’hui, c’est comme si je disais au revoir à quelqu’un qui compte car je n’allais plus jamais le revoir de la même façon.



Au-delà du LOSC, tu t’apprêtes aussi à arrêter ton activité de speakerine, un métier que tu aimes, qui consiste à donner des émotions…

(elle reprend) Je n’ai pas l’impression de transmettre des émotions. Au contraire, j’ai surtout la sensation d'en recevoir. C’est ça qui va me manquer le plus. Quand je vois les Dogues communier avec le public en bas de la tribune, je vois cet amour, cet échange. C'est grandiose. Certains me disent : “mais pourquoi tu ne hurles pas dans le micro ?” Mais non, au contraire, je veux laisser le public partager ces moments avec le groupe. Mon rôle, c’est d’être entre les supporters et l’équipe. Quand ça ne va pas bien, je dois faire en sorte que le public soutienne et encourage ses joueurs. Mais lorsque le LOSC brille, je suis juste-là pour donner la compo, annoncer les buts et regarder la magie qui opère.



Tu garderas bien sûr un oeil sur le LOSC ?

Quelle question ?! Les deux, même ! Je viendrai toujours régulièrement au stade. Le LOSC, c’est mon club, celui que je suis depuis toute petite grâce à ma maman, une amoureuse de sports et en particulier de foot. À chaque fois que je rentrais à la maison, à Lambersart, après les matchs, quand je remontais les escaliers en bois qui grinçaient, j’entendais sa petite voix qui disait : “Anne-Sophie, qu’est-ce qu’on a fait ?” 



Allez, on ose la question : quel sera ton dernier mot au micro, ce samedi après cet ultime LOSC-Angers ?

(elle se marre) Je ne sais pas. Je ne sais même pas si je serais capable d’en dire un. Rien que d’y penser, je pleure. Je crois que je vais passer ma soirée à pleurer (elle rigole, mais avec les yeux rougis). Déjà sportivement, on a vécu le bonheur cette saison. Il faut en profiter, m**** ! Combien de personnes annonçaient que le LOSC allait s’écrouler ? Et pourtant on est là, on va la garder notre deuxième place. Et on la mérite. Sur le terrain comme en tribune. On la mérite tous.



Surtout toi. #MerciAnneSo



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