LOSC-RCL, un derby qui n’a jamais disparu

PAR MAXIME POUSSET
 
« Le derby est de retour », peut-on lire ci et là à l’aube d’un LOSC-RCL qui prend de nouveau toute sa place en Ligue 1, plus de cinq ans après son dernier acte. Et si en réalité, le duel Lille-Lens sur les terrains n’avait finalement jamais cessé d’exister ?

Il est 11 heures ce samedi 12 septembre 2020 quand les Dogues donnent le coup d’envoi face aux Sang et Or. Mais pourquoi donc ce Derby avec un grand D, cette affiche tant attendue par toute une région se dispute-t-elle ce jour-là dans l’anonymat quasi-total d’un terrain annexe du Domaine de Luchin ? Peut-être parce qu’il s’agit ici d’un match de présaison entre les U15 des deux équipes, habituées à se mesurer l’une à l’autre plusieurs fois par an. « Pour nous à la formation, Lille-Lens est un match important comme un autre que nous vivons plusieurs fois par an, parfois même en amical », énonce Mickaël Delestrez, coach des U17 lillois et directeur du centre de formation. Un match normal donc ? Pas tout à fait quand même. Originaire de la métropole lilloise, puis pensionnaire du centre de formation lensois avant de, plus tard, devenir éducateur au RCL, puis au LOSC, puis à nouveau au RCL avant de revenir chez les Dogues il y a 5 ans, Mickaël Delestrez est sans doute le mieux placé pour parler de ce rendez-vous particulier. « Ce match reste malgré tout particulier en raison de la rivalité entre les deux équipes. Il l’a toujours été. C’est le match à ne pas perdre. Quand tu affrontes un centre de formation de club pro, tu t’évalues, tu te jauges. C’est important. Alors quand en plus en face c’est le voisin, tu veux incarner le club phare de ta région. Tu es toujours content quand tu gagnes. » 



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Quand LOSC Féminines remporte le premier derby de l’Histoire

 

Une rivalité chez les pros, chez les jeunes, mais aussi chez les filles. Coach de LOSC Féminines, Rachel Saidi a connu le tout premier RCL-LOSC de l’Histoire, le 3 novembre dernier. Officiellement fondée cette saison après l’absorption du club d’Arras, la section féminine du RCL avait toutefois évolué avec le maillot et le blason lensois, face aux Lilloises. « J’en garde un souvenir très positif. Je ne cache pas qu’on s’était préparées à recevoir beaucoup d’animosité de la part du public lensois, d’autant que la rencontre se déroulait à Bollaert, juste après un match des garçons en Ligue 2, donc on savait que le public allait être présent. On l’a senti dès notre entrée pour l’échauffement en recevant une énorme bronca (sourire). J’avais peur que ça crispe mes joueuses, d’autant que nous avions un groupe très jeune. Mais au final, ça nous avait galvanisé. Même en tant que coach, ça m’a donné envie de me surpasser ». Ce soir-là, le LOSC l’avait emporté (1-2). Et comme un symbole, Noémie Mouchon, une très jeune joueuse formée au LOSC avait été impliquée sur le but de la victoire. « Elle ne s’est pas laissé intimider par le contexte. C’était une expérience très formatrice pour nous toutes », résume Rachel.



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LOSC-RCL ? Des souvenirs de "chambrage"

 

À l’évidence, le derby n’a donc jamais vraiment cessé d’exister pendant ces presque dix années d’absence lensoise continue parmi l’élite. Mais comment aborder aujourd’hui ce retour du voisin du Pas-de-Calais en Ligue 1 ? En football comme dans la vie en général, ne dit-on pas que nous ne sommes jamais aussi bon que lorsqu’on nous pousse à l’être ? « Aujourd’hui, on a un temps d’avance sur le RC Lens. Si on veut rester devant eux, on doit continuer de travailler, être encore plus performants et aller encore plus loin dans la réalisation de nos objectifs. La rivalité, ça te tire vers le haut. C’est gagnant-gagnant », résume Mickaël Delestrez. Même son de cloche chez les filles. « Le projet du LOSC a fait ses preuves dans le football féminin avant celui du RCL, qui est encore très récent. Pour le moment, nous avons donc un temps d’avance qui nous permet d’attirer les meilleures joueuses régionales, mais là encore, nous devons continuer de travailler et ne pas nous endormir sur nos acquis », corrobore Rachel Saidi.



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Anciens joueurs devenus coachs, Mickaël et Rachel demeurent avant tout des amoureux de ballon rond, intensément attachés à leur racines nordistes, eux qui ont d’abord, et comme nous tous, vécu leurs premiers Lille-Lens dans la peau de jeunes supporters qu’ils étaient hier encore. « Pour moi qui ai grandi à Dunkerque, puis qui a ensuite fait sport-études à Liévin, les derbies incarnent surtout des souvenirs de lycée, du "chambrage" entre les uns et les autres, mais aussi un jour important pour tous les supporters, qu’ils soient Lillois ou Lensois, se souvient Rachel Saidi. Aujourd’hui, j’avoue être très impatiente de retrouver ce parfum-là, même si le contexte sera particulier avec le Covid-19. LOSC-RCL, c’est tout ce qui fait la richesse du football régional. Et je serais toute aussi excitée avant d’affronter le RCL avec mon équipe en D2 Féminine cette saison. »

 

Une impatience partagée par Mickaël Delestrez qui y voit avant tout une bonne nouvelle pour le football nordiste : « Nous vivons dans une région passionnée de foot, avec beaucoup de jeunes talents. Il y a quelques années encore, quatre clubs nordistes évoluaient en Ligue 1. Nous étions une place forte. On aimerait tous le redevenir. Ne serait-ce que pour l’ambiance. Un derby, ça fait partie du folklore, ça anime les débats. Dans chaque famille, il y a des Lillois et des Lensois. C’est ça le foot. » Et c’est encore mieux quand on le gagne, ce derby…

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