Le LOSC européen ? Stéphane Dumont se souvient
PAR MAXIME POUSSET
Du haut de ses 26 matchs d’Europa League avec le LOSC, il est le Dogue le plus capé de l’Histoire du club dans cette compétition*. À aujourd’hui 38 ans, Stéphane Dumont est entraîneur adjoint au Stade de Reims, mais il reste supporter lillois dans l’âme, lui le pur Dogue formé et révélé à Lille. Avant la réception de l’Ajax, ce jeudi (21h), il nous parle de ces rendez-vous européens uniques en leur genre, lui qui a connu cinq campagnes continentales sous le maillot rouge.
Salut Stéphane. Ce jeudi, le LOSC jouera un 1/16ème de finale d’Europa League. Je m’adresse là au supporter lillois : comment abordes-tu cet événement ?
De mon point de vue, donc de l’extérieur, je l’aborde comme un rendez-vous magnifique. C’est quelque chose que tous les clubs ont envie de vivre chaque année, surtout face à un adversaire aussi prestigieux que l’Ajax. Un 1/16ème de finale de coupe d’Europe, c’est forcément un moment fort dans une saison. Je le vivrai donc avec plaisir, à distance. Je serai le plus fervent supporter lillois depuis mon canapé et j’espère de tout cœur que le club continuera l’aventure.
Le fait que le LOSC ait affronté l’Ajax la saison dernière en Champions League est-il, selon toi, une bonne ou une mauvaise nouvelle ?
À mon sens, ce n’est ni bon, ni mauvais. Ce sont deux équipes différentes, qui s’affrontent dans deux contextes distincts. La saison dernière, il s’agissait d’un match de poule. L’approche n’est pas la même que pour une rencontre aller/retour à élimination directe. Les effectifs des deux clubs ont aussi évolué, surtout du côté de l’Ajax. C’est un grand rendez-vous et je pense que l’expérience emmagasinée par les Lillois la saison dernière sera forcément bénéfique.
Pour le LOSC, le match retour se tiendra à l’extérieur (25/02). Sur le papier, on sait qu’il s’agit un désavantage, mais en cette période de rencontres à huis-clos, ce désavantage est-il moindre ?
Je ne sais pas s’il est moindre, mais ce qui est sûr, c’est que l’Ajax aura quand même l’avantage du terrain au retour, et ce malgré le huis-clos. Maintenant, vu le travail remarquable réalisé par le staff lillois, je ne doute pas une seconde que les joueurs seront dans les meilleures dispositions pour aborder ces deux matchs. Je pense le LOSC capable d’aller chercher la qualification là-bas.
La dernière fois que le LOSC a disputé un 1/16ème de finale européen, c’était il y a dix ans, contre le PSV Eindhoven. Et tu étais sur le terrain à l’aller comme au retour…
Je m’en souviens, oui. Je retiens surtout les buts évitables encaissés à l’aller au Stadium. On menait 2-0 (Gueye, 6’, De Melo, 31’) et au final, on concède le nul, 2-2 (Bouma, 83’, Toivonen, 84’). C’est ça qui nous a fait mal, car on avait fait le plus dur. Dans ce genre de match, ne pas encaisser de but chez soi est capital. Et en en prenant deux, nous nous sommes mis dans des dispositions compliquées pour le retour. Pourtant, on avait su marquer les premiers là-bas (Frau, 22’), mais on s’est finalement incliné (3-1). Au-delà de la déception, ça reste une super expérience, même si je pense vraiment qu’il y avait mieux à faire contre cet adversaire.
Un an presque jour pour jour plus tôt (les 18 et 25/02/10), le LOSC se qualifiait pour les 1/8èmes de finale d’Europa League en allant accrocher Fenerbahçe (1-1). Là encore, tu y étais. Quels souvenirs en gardes-tu ?
On s’était mis dans les meilleures dispositions en s’imposant 2-1 au Stadium (Balmont, 3’, Frau, 52’). Mais au retour, nous nous sommes retrouvés menés 1-0, donc virtuellement éliminés. Pour passer, on devait donc marquer. Grâce à de grosses ressources mentales, nous sommes parvenus à aller chercher l’égalisation sur ce coup-franc de Ludo (Obraniak) et cette tête d’Adil (Rami) (1-1). Et derrière, on avait tiré Liverpool. Ce sont des moments magnifiques à vivre pour les joueurs et les supporters. Ce qui est important, c’est aussi de savoir combiner ce genre de match avec le championnat. Nous y arrivions bien à l’époque, tout le groupe participait. J’ai l’impression que c’est pareil cette année au LOSC. Et ça, c’est important.
En quoi ces rendez-vous européens à élimination sont spéciaux ?
Ils ne s’abordent pas de la même façon qu’un match de poule. Il faut construire sa qualification sur deux rencontres, aller chercher les choses, quel que soit le contexte, faire en sorte de ne pas prendre de but à domicile pour aborder au mieux le retour. Dans ce genre de match, les coups de pied arrêtés sont super importants, car ils peuvent décanter un scénario. Le LOSC dispose d’un groupe costaud avec des joueurs d’expérience qui ont déjà connu cela dans d’autres clubs, comme Renato Sanches, Benjamin André ou d’autres. Il est toujours intéressant de profiter de ce vécu, mais aussi de la fraicheur, du dynamisme, et parfois de l’insouciance des plus jeunes. C’est en tout cas ce qu’on ressent quand on voit jouer ce LOSC.
Tu as connu cinq campagnes européennes avec le LOSC. À chaque fois soldées par une qualification en phase finale (voir par ailleurs)…
(il sourit) Ce sont des choses qu’on retient une fois notre carrière terminée. On se souvient de la vie de groupe, des émotions vécues à travers ces matchs, le contexte européen, les moments partagés avec les supporters… Avoir connu tout ça dans mon parcours m’a été – et m’est encore – très bénéfique dans mon travail au quotidien.
À titre personnel, tu abordes ta quatrième saison à Reims ou tu es l’adjoint de David Guion. Comment ça se passe pour toi ?
Au regard des trois premières saisons magnifiques, on a connu cette saison un départ un peu plus compliqué. On a alors su trouver des ressources pour faire en sorte de revenir à notre niveau et réenclencher une certaine dynamique. Nous avons un groupe qui a changé. Parfois, une remise en question fait du bien. Ça permet de se renouveler, de trouver de nouveaux leviers. C’est enrichissant et on apprend beaucoup dans ces moments-là.
Quels sont tes projets ?
Ce n’est un secret pour personne, je n’ai jamais caché mon ambition de devenir un jour entraîneur numéro 1. Après mon expérience avec les U19 du LOSC (il a notamment connu deux phases finales du championnat national), j’ai eu l’opportunité de rejoindre David Guion à Reims où j’ai vécu des moments exceptionnels avec cette montée en Ligue 1, puis le Top 8 et le Top 6. Je continue donc de me construire petit à petit. On verra ou l’avenir me mènera.
Avant de se quitter, qu’aimerais-tu dire aux supporters lillois ?
Simplement que je pense à eux qui doivent ressentir une grosse frustration de ne pas pouvoir vivre ce genre d’événement au stade. Milan, Celtic ou l’Ajax sont autant de beaux déplacements dans des ambiances exceptionnelles, des stades pleins, qu’ils n’ont pas pu faire cette saison. C’est extrêmement frustrant, mais c’est ainsi dans ce contexte. Il faut s’adapter et faire en sorte de gagner des matchs pour pouvoir en revivre à l’avenir. Avec les supporters, cette fois.
Un grand merci à Stéphane Dumont pour sa disponibilité.
* Matchs d’UEFA Cup et d’Europa League cumulés.
Stéphane Dumont
Né le 06/09/1982 à Seclin
Milieu de terrain
Clubs : LOSC (1992-2011), AS Monaco (2011-2013)
Palmarès : Vainqueur de l’Intertoto Cup (2004), champion de France 2011, vainqueur de la Coupe de France 2011, champion de France de Ligue 2 2013
Les 5 campagnes européennes de Stéphane Dumont
2004-2005
- Victoire en Intertoto Cup (Dynamo Minsk, Slaven Belupo, Uniao Leiria)
- Qualification au tour préliminaire d’UEFA Cup (Shelbourne)
- 1ère place de la phase de poules (FC Séville, Aix la Chapelle, Zénith Saint-Pétersbourg, AEK Athènes)
- Qualification en 1/16ème de finale d’UEFA Cup (FC Bâle)
- Elimination en 1/8ème de finale d’UEFA Cup (Auxerre)
2005-2006
- 3ème place en phase de poules de Champions League (Villarreal, Benfica, Manchester United)
- Qualification en 1/16ème de finale d’UEFA Cup (Shakhtar Donetsk)
- Elimination en 1/8ème de finale d’UEFA Cup (FC Séville)
2006-2007
- Qualification au tour préliminaire de Champions League (Rabotnički Skopje)
- 2ème place en phase de poules de Champions League (AC Milan, AEK Athènes, Anderlecht)
- Elimination en 1/8ème de finale de Champions League (Manchester United)
2009-2010
- Qualification au tour préliminaire d’Europa League (Sevojno)
- Qualification au barrage d’Europa League (Genk)
- 2ème place en phase de poules d’Europa League (Valence, Genoa, Slavia Prague)
- Elimination en 1/8ème de finale de Champions League (Manchester United)
- Qualification en 1/16ème de finale d’Europa League (Fenerbahçe)
- Elimination en 1/8ème de finale d’Europa League (Liverpool)
2010-2011
- Qualification au barrage d’Europa League (Vaslui)
- 2ème place en phase de poules d’Europa League (Sporting CP, La Gantoise, Levski Sofia)
- Elimination en 1/16ème de finale d’Europa League (PSV Eindhoven)