Kaïlé, 16 ans, apprenti footballeur et lycéen

PAR MAXIME POUSSET

Peu de gens le savent, mais le Domaine de Luchin, camp de base et centre de formation du LOSC est aussi… Un lycée, associé à un internat où une quarantaine de baby Dogues résident durant l’année scolaire. À quoi ressemble leur quotidien entre ballon rond et études ? Nous avons posé la question à Kaïlé Auvray, joueur chez les U17 et élève en première générale.

Peux-tu te présenter ?

Je m’appelle Kaïlé Auvray, j’ai 16 ans et je joue au LOSC depuis deux ans. Je suis né en France, mais j’ai grandi aux États-Unis. Mes parents sont originaires des Caraïbes : mon père est Guadeloupéen et ma mère Trinidadienne. J’ai commencé le foot aux USA, à Kansas City, puis j’ai rejoint le Pôle Espoirs de la Guadeloupe où je me suis ensuite fait repérer par le LOSC.

 

Comment gères-tu l’éloignement de ta famille au quotidien ?

Je m’y suis habitué. Déjà lorsque j’étais en Guadeloupe, je vivais loin de mes parents qui résident aux Etats-Unis. Au départ ce n’est pas facile, mais j’ai appris à vivre seul. Même s’ils sont loin physiquement, on reste très proches dans la vie. Mon père est un ancien footballeur professionnel. Il a aussi été mon coach. Il m’a beaucoup apporté (et m’apporte encore beaucoup) sur le plan mental, tactique, technique…



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Comment ça se passe pour toi à l’école ?

Je suis en première générale. Nous avons moins d’heures de cours que dans un lycée classique, mais à la fin, on passe les mêmes épreuves. Je bosse donc beaucoup, je révise chaque jour, en plus des entraînements. Je serai prêt le jour du Bac, ça ne m’inquiète pas. Ma relation avec mes professeurs ? Elle est bonne. Je sais que si j’ai besoin d’aide, je peux aller les voir et ils seront disponibles pour moi. Ce n’est d’ailleurs pas forcément le cas dans tous les lycées. Aux États-Unis, le sport et l’école vont ensemble, ils sont aussi importants l’un que l’autre. Il y existe une certaine culture de la victoire et de l’éthique de travail. Je l’ai donc intégrée naturellement en ayant grandi là-bas.

 

Comment s’organise la vie en collectivité avec les autres pensionnaires qui sont à la fois des camarades de classe et des coéquipiers ?

C’est sûr que ça change d’un lycée classique, puisque nous avons une classe quasi exclusivement composée de garçons. Il y a donc moins d’échanges sociaux. Mais tout le monde se respecte, il n’y a pas de conflits. On arrive à distinguer le foot du reste. Ce qu’il se passe sur le terrain doit se régler sur le terrain. Et quand on en sort, on passe à autre chose. Je ne suis en compétition avec personne. Seulement avec moi-même.



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Outre la pratique quotidienne du foot, en quoi ton quotidien est-il différent de celui d’un autre lycéen ?

D’abord, j’ai conscience de la chance que j’ai d’être au LOSC, dans une grande structure qui attend beaucoup de nous. La barre est donc plus haute qu’ailleurs. Ça nous pousse à élever notre niveau de jeu. Ensuite, quand tu es athlète, tu dois faire attention à ce que tu manges, mais aussi à ce que tu fais sur les réseaux sociaux. Il faut sans cesse réfléchir aux répercussions que ça peut avoir. Je pense que ça nous apporte plus de maturité. Nous sommes obligés de grandir plus vite.

 

Cela fait maintenant plusieurs mois que votre championnat est arrêté. Comment le vis-tu ?

Au début, c’était très difficile à accepter. Maintenant, nous avons la chance d’avoir des matchs amicaux réguliers (les équipes U17, U19 et N3 du LOSC sont autorisées par les instances à disputer des rencontres amicales, uniquement entre centres de formation professionnels, dans le respect de règles sanitaires très strictes). C’est donc déjà mieux qu’à une période où nous ne jouions pas du tout, comme en décembre. Je préfère voir le verre à moitié plein. On aborde ces rendez-vous comme des matchs officiels, on ne baisse pas le pied. Dans notre tête, nous sommes très exigeants et faisons comme s’il y avait trois points en jeu.

 

Votre rythme d’entraînement est-il différent, dans ce contexte ?

Peut-être un peu, mais la charge de travail reste la même. On bosse beaucoup, mais de façon plus libérée. Durant la période où il n’y avait pas de matchs amicaux, on pouvait parfois travailler des points spécifiques sans se soucier du match à venir. Pour moi, ça ne change rien, j’entre toujours sur le terrain avec la même envie de progresser. 



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