À Luchin, on prépare aussi le bac
PAR MAXIME POUSSET
Mines concentrées, mains tremblotantes et cardio qui s’emballe. Non, nous ne sommes pas au coup d’envoi d’une finale de Coupe du Monde, mais presque. Dans quelques semaines, treize de nos baby-Dogues passeront les premières épreuves du Baccalauréat*. Une étape forcément marquante dans une vie de jeune adulte, y compris lorsqu’on se destine au ballon rond. Comment prépare-t-on le plus célèbre diplôme national lorsqu’on est apprenti footballeur ? On en a discuté avec Jules Raux, jeune gardien lillois et (on l’espère) futur bachelier.
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Ah, les plannings de révisions, les fiches bristol et autres soirées à potasser ses cahiers à la lueur de sa lampe de chevet. On est tous passés par là. Mais ce que peu d’entre nous ont connu, c’est bien ce double cursus entre foot et études. « C’est vrai qu’il n’est pas toujours facile de gérer les deux, confie Jules Raux, 17 ans, Dogue en U19 et lycéen en Terminale générale, spécialités Histoire et SES au Domaine de Luchin. « Mais quand on s’engage dans ce parcours, on sait qu’on va devoir mener les deux. On s’y fait, même si parfois, c’est un peu compliqué de se motiver à bosser après les entraînements. »
Comme lui, ils sont treize jeunes Dogues à préparer les épreuves du bac depuis le Domaine de Luchin où ils suivent quotidiennement des cours avec des professeurs diplômés, compétents et dévoués. Et comme lui, ils ont adapté leur planning pour que cet examen crucial se déroule dans les meilleures conditions : « On termine les cours vers 17 heures au plus tard, ça nous laisse donc du temps pour organiser nos révisions. Cette année, j’avoue que je bosse un peu plus qu’en Seconde et en Première. J’essaye de m’y prendre à l’avance en faisant des fiches pour ne pas être débordé au moment des épreuves. Je préfère réviser seul. Comme nous avons des chambres individuelles, c’est plus facile, je peux bosser à mon rythme », raconte cet interne au Domaine de Luchin.
Une meilleure résistance au stress
En plein cœur d’une fin de saison certes déréglée par la pandémie de Covid-19, mais dont on sait qu’elle est toujours décisive pour l’avenir des jeunes pensionnaires du centre de formation, comment ces lycéens-footballeurs abordent-ils cette étape ? Professeure de français et de philosophie au Domaine de Luchin, Emilie Kolakowski précise : « Après le bac blanc en janvier, on perçoit souvent chez nos Terminales un changement de comportement avec une stimulation en vue de l’examen. On y répond en leur donnant plus de méthodologie, mais aussi en allant à l’essentiel pour qu’ils sachent quoi réviser en priorité. »
La pression de l’examen ? Jules et ses camarades savent l’encaisser, peut-être même mieux que des lycéens classiques. « La gestion de ses émotions est un paramètre important dans le foot, surtout quand, comme moi vous êtes gardien, un poste à responsabilités. Notre expérience est donc forcément bénéfique, on est habitués chaque week-end à mettre la pression de côté et à se donner à 100% sur le terrain. » Un sentiment renforcé par sa prof de philo : « Ils savent sans doute mieux gérer leur stress que d’autres lycéens et présentent aussi l’avantage d’être des compétiteurs. Ils veulent tout le temps gagner, sur le terrain et en dehors. Donc même quand certains font une année un peu bancale, ils ont tendance à mettre les bouchées doubles au moment des révisions parce qu’ils voient le bac comme une compétition. Ça donne parfois de belles surprises. »
Passer le bac après avoir effectué ses premiers pas chez les pros
L’école, c’est important et nos baby-Dogues le savent. En cas d’absence de perspective dans le monde du ballon rond ou même pour préparer dès à présent un projet de reconversion post-carrière, mieux vaut avoir le bac en poche. Le message est donc bien ancré dans toutes les jeunes têtes lilloises. Pour autant, le football reste un objectif central, surtout quand le rêve est à portée de main, comme pour Jules. « J’ai participé à mon premier entraînement chez les pros en août dernier et j’y retourne de temps en temps quand ils ont besoin de moi. J’ai pu y découvrir l’exigence du haut niveau, où chaque petit détail compte, où tout est calculé et mis en œuvre pour la performance. On sent que tous les joueurs et le staff œuvrent pour le même projet, celui de l’équipe. C’est vraiment quelque chose de marquant », raconte ce prometteur gardien de but arrivé de Valenciennes en 2018.
En attendant de bûcher sur les premières épreuves dans quelques semaines, Jules et ses camarades préfèrent évacuer lorsqu’ils se retrouvent ensemble après les cours et les entraînements. « Il nous arrive de discuter des révisions ensemble pour voir les points de vue de chacun, mais généralement, quand on se retrouve à table, on parle d’autre chose. De foot, par exemple ». Evidemment.
* Cette année, 8 jeunes pensionnaires du centre de formation lillois préparent un Baccalauréat Général, 4 un bac STMG (sciences et technologies du management et de la gestion) et un se destine à un Bac STD2A (sciences et technologies du design et des arts appliqués).