À la découverte de Manon Guitard (1/2)

PAR FRÉDÉRIC COUDRAIS

Luc Primaube Football Club, Rodez Aveyron Football, Toulouse FC et le LOSC : voilà le parcours de la défenseuse latérale du club losciste. Arrivée l’été dernier en provenance de la Ville Rose, Manon Guitard (23 ans) s’est rapidement fondue dans le moule nordiste, au point de devenir capitaine en l’absence de celle qui porte habituellement le brassard, Laurie Dacquigny. Si elle se destine à une carrière d’ingénieur dans l’Agroalimentaire, ses yeux pétillent lorsqu’il s’agit d’évoquer avec beaucoup d’humilité sa (jeune) carrière balle au pied. Première partie.

Dans la famille Guitard, je voudrais la fille

« Je suis née à Rodez dans l’Aveyron, mais j’ai toujours vécu à Luc-la-Primaube, à une dizaine de kilomètres de là. C’est donc tout naturellement avec le club de ma ville, au Luc Primaube Football Club, que j’ai débuté mon histoire avec le ballon rond en 1998, à l’âge de 5 ans. Pourquoi le foot ? Je pense que c’est génétique. Mon frère l’a pratiqué et mon père, Pascal, a lui joué à Rodez à la grande époque du club en D2. Mais clairement, à 5 ans, je n’imaginais pas m’inscrire dans la durée dans ce sport. Je faisais aussi du judo à cette époque,  on va dire que j’étais attiré par des sports de contact. Mais le virus foot a apparemment fonctionné puisque je joue toujours (sourire). »

Tous les chemins mènent à Rodez

« Je suis restée à la Primaube jusqu’à mes 13 ans, avant de basculer vers le club de Rodez où j’ai évolué pour ma dernière année avec les garçons, en Honneur Ligue. Ce n’est pas évident d’être dans un groupe de garçons, je dois le reconnaitre, car à ce moment-là, le foot féminin n’était pas vraiment démocratisé. Mais cela s’est bien passé et j’ai beaucoup appris durant cette année. Ensuite, j’ai intégré la section féminine de Rodez à 15 ans, l’équipe phare du département. On était alors en D3, un échelon qui n’existe plus aujourd’hui. »

La folle ascension avec les Rafettes

« J’ai eu la chance de vivre une superbe histoire avec le Rodez Aveyron Football (2006-2014). Quand j’ai commencé en D3, nous sommes montées directement en D2 où on est restée 2 ans, avant d’accéder en D1. J’étais dans un groupe au sein duquel je m’épanouissais énormément. Je jouais avec des filles expérimentées qui m’apportaient autant en tant que joueuse qu’en tant que personne. Je suis très à cheval là-dessus : dans une équipe, l’aspect humain, j’en ai besoin. »



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Une première ligne (inoubliable) au palmarès

« J’ai eu le bonheur de vivre un titre de champion de D2 en 2010. C’était vraiment génial. J’en garde des souvenirs magnifiques. Je me rappelle notamment de l’ultime match où un nul nous suffisait, dans un contexte particulier, avec un gros derby sous la pluie contre Muret. On était tendue et on termine à 1-1. Niveau spectacle, c’était moche mais on obtient la montée là-dessus. Sur le coup, on ne se rend pas vraiment compte car on ne connait pas la D1, ce que ça va engendrer dans notre quotidien. Je souhaite à tout le monde de vivre une telle expérience. Ça fait partie des souvenirs forts de ma carrière, comme toute cette aventure dans son ensemble avec Rodez. »

Le grand plongeon dans le bain de la D1

« J’ai débuté en D1 à l’âge de 18 ans et l’expérience a duré quatre saisons. On ne réalisait pas vraiment car notre groupe restait le même. Nous sommes arrivés sur la pointe des pieds à ce niveau, on a fait ce qu’on pouvait pour finalement s’y maintenir et s’y installer dans la durée. On se battait à chaque match en conservant nos valeurs. Et depuis, l’équipe de Rodez évolue toujours parmi l’élite du foot féminin. En l’espace de 5 ans, ce "petit" club a connu plusieurs ascensions consécutives et le plus fort c’est qu’aujourd’hui, l’histoire continue. »

Toutes les belles histoires ont une fin

« À la base, il faut savoir que je fais mes études sur Toulouse. Durant les quatre années de D1 à Rodez, je faisais des allers-retours entre Rodez et Toulouse car j’ai intégré mon école d’ingénieur à cette période-là. En fait, la semaine, je m’entraînais à Muret, je rentrais le vendredi soir sur Rodez pour me préparer avec le groupe et jouer le dimanche. Je repartais ensuite sur Toulouse, sachant qu’il y a 1h45 de route. La fatigue s’accumulait et même si j’ai vécu des expériences extraordinaires avec Rodez, je commençais à avoir fait le tour. Il fallait que j’essaye de voir autre chose en relevant de nouveaux défis. »



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En route vers de nouveaux challenges

« Le TFC (D2) avait un beau projet et le club m’a proposé d’intégrer le groupe pour participer à l’aventure. Et je n’étais pas complètement en terre inconnue car lors de ma dernière année à Rodez, la semaine, je m’entrainais déjà avec Toulouse. Je connaissais donc toutes les filles de l’effectif. Ce qui constitue un plus pour s’intégrer, d’autant qu’il y avait aussi deux anciennes joueuses de Rodez. C’était donc une belle opportunité à saisir pour moi afin d’essayer de découvrir autre chose. »

Une page blanche pour commencer

« Cette période a finalement été un peu délicate. Je signe au TFC pour l’exercice 2014-2015 et au final, je ne joue pas durant toute la première partie de saison car j’étais à Valence, en Espagne, pour mes études durant 4 mois. Du coup, je n’ai pu participer qu’à la seconde moitié du championnat avec Toulouse. Pendant cette période, je me suis entraînée avec Levante. J’effectuais un travail athlétique à côté. J’essayais de m’entretenir du mieux que je pouvais. Il me manquait quand même l’essentiel, à savoir l’adrénaline de la compétition chaque week-end. »

Repartir du bon pied pour la nouvelle année

« Quand je reviens à Toulouse en janvier 2015, il faut que je me refasse ma place dans le groupe et sur le terrain, que je reconstruise quelque chose avec l’équipe, que je me frotte à la concurrence. Heureusement, en amont, j’avais participé au stage d’avant saison et disputé deux matchs de préparation. J’avais au préalable fait ma préparation athlétique avec Rodez, car je faisais un stage pour mes études juste à côté. C’est compliqué car il faut à chaque fois jongler entre le foot et les stages. Idem cette année, j’ai fait ma prépa avec Rodez avant de rejoindre le LOSC fin août. »  



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Entre foot et études, son cœur balance

« On va dire qu’on passe par des hauts et des bas. Par exemple, parfois, quand l’emploi du temps est très chargé à l’école, il est plus difficile de concilier les deux car la fatigue est présente. On va à l’entraînement avec moins d’énergie. Et à contrario, dans les périodes où c’est moins le rush dans les études, on peut prendre davantage de plaisir à l’entraînement et plus s’épanouir sur le terrain. Maintenant, globalement, c’est devenu une habitude, même si c’est parfois difficile. On prend le rythme dans un sens ou dans l’autre. En gros, "galérer" fait partie de mon quotidien. Il faut sans cesse jongler entre les deux, tout est question d’organisation. »

Une expérience en demi-teinte avec le Téfécé

« Nous sommes restées un mois et demi sans jouer à cause des intempéries hivernales, puis je me suis blessé. Bilan ? Un nouveau mois d’arrêt. À mon retour, ce fut compliqué. Le coach avait décidé de me faire monter d’un cran, il fallait que je m’adapte à ce nouveau poste. Je pense que j’ai eu un peu de difficulté. J’ai perdu confiance en moi. Je n’étais pas forcément bien mentalement. J’ai rebasculé en latérale droite sur les deux derniers matchs, j’ai alors repris plus de plaisir. Au final, cela a été une bonne expérience, mais il est difficile d’en tirer quelque chose de concret car je n’ai pas trop joué. La blessure, les intempéries... ce sont les aléas d’une carrière. »

Le grand saut vers le Nord… et le LOSC

« Au départ, cela me parait vraiment improbable. Je n’aurais pas pu le dire trois ou quatre mois avant, d’autant qu’à l’époque, le club s’appelait encore Templemars. C’est par le biais de Jeff (Jean-François Niemezcki), le sélectionneur de l’équipe de France B et Universitaire, que j’ai pu entrer en contact avec Jérémie Descamps. Je lui ai expliqué que j’arrivais dans le Nord pour mes études et que j’avais entendu parler de Templemars au cours d’un rassemblement de foot universitaire. Jérémie m’a dit qu’un projet essayait de se mettre en place, sans vraiment me parler du LOSC. Voilà, la première fois, je ne savais pas et je pense que même les filles de Templemars ne le savaient pas. Et puis petit à petit, quand cela s’est mis en place, on a commencé à entendre parler du LOSC. Ça s’est fait très rapidement. »



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De Templemars au LOSC, il n’y a qu’un pas…

« Du coup, je n’ai pas connu Templemars, je suis passé directement à la case LOSC (sourire). Et là, j’ai découvert une structure professionnelle très accueillante. Les féminines ont été très bien intégrées, avec une super communication autour de nous. Les gens nous suivent, on sent même une certaine fierté. C’est vraiment bien. Avoir quelque chose de nouveau amène un brin de fraîcheur et un autre regard sur le foot féminin. Je vis vraiment une super expérience. Je suis arrivée dans un groupe de filles super accueillantes, chaleureuses. Elles ont été géniales avec moi, je me suis tout de suite intégrée, idem pour le staff. J’avais entre guillemets l’impression de pouvoir compter sur tout le monde. C’est très agréable. »

Une expérience unique en son genre

« Le fait qu’on soit intégrée dans une telle structure, qu’on ait un tel accompagnement, qu’on nous fasse vivre des trucs assez exceptionnels, c’est le top. Ce sont des choses qu’on ne revivra pas deux fois dans notre vie, c’est certain. Car depuis le début de cette aventure, on a participé à pas mal d’événements très sympas : le premier match à Metz, à Saint-Symphorien, les Miss France et la rencontre avec la future lauréate, la présentation - même si je n’étais pas encore là - au Stade Pierre Mauroy en marge de la rencontre LOSC-PSG… On s’est retrouvée médiatisé d’un coup, comme ça. C’est un truc à vivre au moins une fois. »



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La cerise sur le gâteau : le brassard de capitaine

« Forcément, je pense à Laurie (Dacquigny) quand on me parle de ça, j’espère qu’elle va rapidement revenir parmi nous. Honnêtement, je ne m’y attendais absolument pas. Quand Jérémie est venu me voir avant le match contre Bischheim (5-0) pour me donner le brassard, je pensais qu’il allait m’annoncer que je ne débuterai pas la partie (rires). Tu imagines ma surprise ! Sur le coup, je n’ai pas réalisé. Derrière, il faut essayer de tenir ce rôle au mieux car je n’ai jamais été capitaine auparavant. Ce n’est pas évident mais plaisant. J’estime qu’au sein de l’équipe, tout le monde est un peu capitaine. J’essaye de rester la même. Ça ne change pas fondamentalement mon rôle au final, si ce n’est qu’il faut aller signer la feuille de match (elle se marre). Plus sérieusement, je m’exprime simplement un peu plus en disant mon petit mot avant le cri de guerre, rien de plus. »

La suite ? Pour le plaisir…

« C’est compliqué, j’ai toujours eu du mal à répondre à ça… d’année en année, mon objectif principal demeure de me faire plaisir, d’être dans une équipe dans laquelle je me sens bien, avec des joueuses avec qui je peux partager des choses sur le terrain mais aussi en dehors. Mon mot d’ordre, c’est prendre du plaisir. Et pour le LOSC, forcément de la réussite pour aller chercher le premier objectif, à savoir le maintien. Et perso, j’aimerais bien vivre un autre rassemblement avec l’équipe de France universitaire car c’est différent. On rencontre d’autres filles qui font leurs études. Il y a un partage qui n’est pas le même et c’est riche en échange, le tout dans une bonne ambiance. »



Merci Manon Guitard. Rendez-vous très vite pour la seconde partie de ce portrait.



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