Passé-Futur : René Girard vous dit tout ! (partie I)
La nouvelle année est toujours l’occasion de faire un bilan et d’envisager les perspectives. Et pas question pour l’entraîneur des Dogues d’échapper à cet exercice ! René Girard s’est confié en deux temps à LOSC.fr sur la première moitié de championnat et la seconde qui se profile à l’horizon. Acte I.
René, bonjour. Pour commencer, revenons un peu sur vos débuts au LOSC. Á votre arrivée, vous avez modifié le schéma tactique, passant d’un 4-3-3 au 4-4-2. Pourquoi ce changement ?
En réalité, quand on exerce le métier d’entraîneur, en premier lieu, on apprend à découvrir son groupe, à le cerner afin de le rendre le plus performant possible. En arrivant au LOSC, en tenant compte des départs de l’intersaison ou des blessés, j’ai simplement essayé de mettre en place un système de jeu qui permette d’optimiser les performances de chacun. Le 4-4-2 m’est alors apparu être la solution la plus adéquate dans laquelle tous les joueurs pourraient s’exprimer au mieux.
Au début, cette configuration a eu du mal à se mettre en place mais elle est aujourd’hui copiée par d’autres équipes comme l’OM, l’OL ou encore Monaco. Finalement, c’est un choix payant…
Oui, il est vrai qu’un certain temps d’adaptation a été nécessaire : le groupe changeait d’entraîneur, repartait sur de nouvelles bases, assimilait un nouveau schéma tactique…Nous avons alors pris le temps de mettre les choses en place. Au fil du temps, les joueurs ont pris confiance et performé, notamment en battant des équipes comme Monaco (2-0), Marseille (1-0), Saint-Étienne (1-0) ou encore en tenant tête au PSG (2-2). Ces résultats sont venus confirmer les choix qui ont été faits. Pas mal de doutes ont été balayés pour laisser place à plus de certitudes. De plus, je tiens à souligner que les garçons ont toujours très bien réagi lorsque nous avons dû composer avec les blessures ou les suspensions. C’est une grande satisfaction.
Repartons du commencement. Pour votre premier match sur le banc lillois contre Lorient (1-0), avez-vous ressenti une pression particulière ?
En fait, dans notre métier, rares sont les moments sans pression ! Ce que j’ai éprouvé contre Lorient ressemble un peu à ce que l’on peut ressentir lorsque l’on présente sa compagne à sa famille pour la première fois ! Plusieurs questions nous traversent l’esprit : va-t-elle leur plaire ? Va-t-elle être acceptée ? Mon premier match au Stade Pierre Mauroy, c’était un peu pareil… Alors, j’étais plutôt content de réussir mon entrée en matière avec les garçons par une victoire ! L’équipe dégageait déjà un sentiment de solidarité et d’envie. C’était un petit signe intéressant pour la suite.
Avez-vous ensuite douté lorsque votre équipe s’est incliné à domicile contre Nice, le 15 septembre ?
La valeur d’une équipe ne s’arrête pas à une victoire ou à une défaite. Ce 0-2 nous a remis les idées en place et je me suis même appuyé positivement dessus pour travailler. L’important était de réagir rapidement, surtout mentalement. Les joueurs ont plutôt bien réussi puisque derrière, ils ont enchaîné une incroyable série de 11 matchs sans défaite et sans prendre de but ! Globalement, le doute a rarement animé ce groupe qui ne s’est jamais affolé, tout en restant sans cesse concentré sur son sujet. Les garçons vivent bien ensemble. Mon rôle, avec mon staff, c’est de préserver cet état d’esprit-là qui est une réelle force. La garder sera un vrai atout lorsque nous traverserons des moments difficiles. Elle nous permettra d’aller de l’avant sans dramatiser.
De belles victoires ont marqué cette première partie de saison comme celles sur Monaco (2-0) ou Marseille (1-0), sans oublier l’excellent match nul réalisé contre le PSG (2-2) au Parc des Princes. Pensez-vous que ces performances aient marqué les esprits ?
Je ne sais pas mais ce qui est certain, c’est que nous sommes toujours là ! Tout le monde nous attendait au tournant avant ces confrontations contre les "gros". Nous devions répondre présents, ne pas se mettre martèle en tête, ne pas avoir de complexe, tout en faisant preuve de beaucoup d’humilité. Et les joueurs ont vraiment bien abordé ces oppositions. D’ailleurs, ces matchs leur ont montré qu’ils étaient en mesure de réaliser de belles prestations, en étant toujours à 100% sous peine de devenir vulnérables.
Passons maintenant à un bilan ligne par ligne. S’il faut se méfier des statistiques, il y en a une qui est indéniable: le LOSC possède la meilleure défense du championnat avec 8 buts concédés en 19 rencontres…
Effectivement, c’est un chiffre bien réel qu’on ne peut pas nier. Cette performance ne doit pas pour autant être attribuée uniquement à Vincent (Enyeama) et aux quatre défenseurs, mais bien à l’ensemble de l’équipe. Je le répète en permanence : gardien, défense, milieu, attaque, on se met en valeur seulement si le collectif est performant. Maintenant, Vincent a sans aucun doute été monstrueux. Quant à la défense, elle a été remaniée à 50% avec l’arrivée de Simon Kjaer et le retour de prêt de Pape Souaré. Ils se sont tous les deux mis en route de façon remarquable et ont fait le travail nécessaire pour s’immerger rapidement dans le collectif. Globalement, tout le monde a beaucoup donné pour arriver à ses résultats.
Le milieu de terrain était quant à lui en place depuis longtemps. Était-il précieux pour vous de vous appuyer sur les cadres qui le composent ?
Dans chaque équipe, il est très important d’avoir des joueurs expérimentés sur lesquels compter. Notre début de saison a certes été un peu poussif. Le quatuor - Idrissa Gueye, Florent Balmont, Rio Mavuba, Marvin Martin - n’avait alors pas trouvé son rayonnement physique ou peinait à se positionner. Petit à petit, les choses sont rentrées dans l’ordre et l’équipe peut aujourd’hui s’appuyer sur quatre fourmis extraordinaires dans leur volume de jeu et des suppléants de qualité à l’image de Soualiho Meïté, Jonathan Delaplace ou encore Ronny Rodelin. Une fois encore, nous avons fait preuve de patience et le temps nous a donné raison.
Pour finir, le duo d’attaque Kalou-Roux fonctionne plutôt bien avec déjà 12 buts au compteur (6 pour chacun). Votre avis ?
Ils sont très complémentaires ! Mais, encore une fois, c’est un ensemble. Quand le milieu de terrain, offensivement ou défensivement, carbure, les effets se font ressentir des deux côtés. D’ailleurs, avec un peu plus de réussite, de détermination et de prises de risques, on sera à même d’être plus performant sur ce plan-là. Pour ce faire, on compte sur cette doublette expérimentée, tout comme sur Ronny Rodelin, Divock Origi ou Tulio de Melo, sans oublier John Ruiz et Ryan Mendes, tous deux bientôt de retour.
Merci René Girard. La suite de cet entretien, c’est demain sur LOSC.fr.