René Girard : "Voir ce que cette Équipe de France a dans le ventre"
Avant France-Honduras, le coach des Dogues livre son analyse.
À l’instar de millions d’amoureux de foot à travers le globe, René Girard n’a pas manqué de scruter le coup d’envoi de la Coupe du Monde, donné jeudi à São Paulo. Ressenti sur le match d’ouverture, point de vue sur l’Équipe de France, analyse des prochaines échéances… Le coach des Dogues livre son état d’esprit, en plein cœur de l’événement de l’été.
René, bonjour. Depuis jeudi, on sent une vraie excitation chez tous les fans de foot. Partagez-vous ce sentiment ?
Une excitation, je ne sais pas, mais un réel intérêt, ça oui ! En tant que technicien, j’ai vite repris mes vieilles habitudes laissées de côté temporairement pendant la trêve, à savoir allumer la télé et me poster devant un match. La Coupe du Monde est un événement exceptionnel, chaque passionné de ballon rond s’y intéresse forcément. Comme à chaque compétition de cette ampleur, on en parle beaucoup avant, puis tout se recentre naturellement sur le football.
Qu’avez-vous pensé de cette première rencontre entre le Brésil et la Croatie (3-1) ?
Ce fut un très beau match d’ouverture qui n’a pas été simple à gérer pour les Brésiliens. Ils peuvent même s’estimer heureux d’avoir bénéficié d’un coup de pouce arbitral. C’est dommage pour les Croates qui ont livré une prestation de premier ordre. Quoi qu’il en soit, si les autres rendez-vous s’inscrivent dans la lignée de cette première, on va vivre une grande Coupe du Monde.
À ce propos, quel genre de téléspectateur êtes-vous pendant un match ?
Contrairement à ma façon d’être sur un terrain ou un banc de touche, je vis les rencontres de façon plutôt paisible, tranquille, dans mon canapé. J’intériorise davantage. Je ne suis pas du genre à sauter de joie à chaque but. Après, avec l’intensité et l’enjeu qui iront crescendo au fil du tournoi, cela peut changer (sourire).
Même lorsque les Bleus entrent en scène ?
J’avoue qu’en tant que bon Français, je suis forcément plus impliqué et intéressé par le résultat et le contenu de l’Équipe de France. Mais le fait que quatre de mes joueurs (Mavuba, Origi, Enyeama, Kalou) participent à la compétition m’incite à porter un intérêt à pas mal d’autres nations. Notre œil de technicien veut aussi que nous soyons toujours dans l’observation des schémas tactiques, des styles de jeu. Surtout lors d’une Coupe du Monde, car elle offre un panel très vaste des différents footballs.
La dernière fois que nous avions évoqué le sujet ensemble, vous étiez plutôt optimiste concernant le parcours des Bleus. L’êtes-vous toujours à quelques jours du premier match ?
(il réfléchit) Il existe un côté rassurant dans le fait qu’on ait trouvé une équipe-type de qualité, bâtie avec un groupe rajeuni. On sent qu’il se passe quelque chose. Maintenant, n’oublions pas que la qualification fut très pénible. Il est d’ailleurs marrant d’observer qu’après le match aller contre l’Ukraine (2-0), on avait l’impression d’être au bord de la catastrophe. Quelques mois plus tard, il faut veiller à ne pas tomber dans l’excès inverse.
Les matchs de préparation ont pourtant laissé augurer le meilleur…
C’est vrai, et il faut continuer d’avancer. Les oppositions face à la Norvège (4-0) et à la Jamaïque (8-0) ont été assez moyennes. Elles ne reflètent probablement pas celles à qui nous allons être confrontés pendant la compétition. Pour moi, le match contre le Paraguay (1-1) a été celui qui se rapprochait le plus de ce que nous allons connaître durant cette Coupe du Monde.
Sur le plan mental, comment le sentez-vous, ce groupe tricolore ?
Je connais plusieurs de ses membres comme Olivier Giroud, Rémy Cabella ou Rio Mavuba. On sent qu’il y a beaucoup de joie dans l’équipe. Je serais tenté de dire que c’est logique puisque qu’on part représenter son pays au Brésil. Tout est donc positif pour l’instant. La difficulté des matchs vont ensuite nous amener à voir ce que cette équipe a vraiment dans le ventre. Mais on peut quand même trouver réjouissant que le public français fasse bloc derrière les Bleus. Cela n’a pas toujours été le cas ces derniers temps.
Dimanche (21h), les Tricolores ont rendez-vous avec le Honduras. Quelle est l’importance d’un premier match dans une telle compétition ?
Peu importe l’issue, rien ne sera irréversible après cette rencontre. Mais il est clair qu’une bonne entame peut mettre une équipe sur de bons rails. Si la France et la Suisse se dégagent comme les favoris, les deux pays sud-américains ne seront pas faciles à manœuvrer. On sait par exemple que le Honduras est une formation décrite comme agressive. Gagner le premier match représente presque la moitié du parcours à accomplir pour se qualifier, même s’il serait préférable de terminer premier, histoire d’éviter l’Argentine en 1/8e de finale… au risque de retrouver notre ami Vincent (Enyeama) et le Nigéria à la place (il sourit).
À l’heure d’évoquer les vacances d’été, vous nous aviez confié vouloir vous envoler pour… le Brésil. Ce projet est-il toujours d’actualité ?
Il l’est plus que jamais ! Nous allons passer une petite semaine là-bas, en famille. Bien que nous y allions en touristes, nous ne pourrons pas nous empêcher d’aller voir quelques matchs. J’ai déjà mes billets pour France-Equateur (25 juin) et Belgique-Russie (22 juin) au stade Maracanã de Rio de Janeiro. D’ailleurs, si j’ai l’occasion de voir Rio (Mavuba), Divock (Origi) et les autres, je les saluerais avec un grand plaisir.
Merci à René Girard pour sa disponibilité.